La page blanche : une aventure existentielle sur la standardisation du moi, avec au dessin Pénélope Bagieu et Boulet au scénario.
Éloïse traverse un moment insolite. De ce qui concerne sa personnalité du moins, elle ne se souvient de rien – pas même des belles choses. Rien. Le trou noir. Elle ne se rappelle ni son nom. Ni son adresse. Ni où elle bosse. Ni non plus ce qu’elle aime dans la vie. Cette amnésie particulière lui est tombée dessus sans crier gare, près de la gare de Lyon néanmoins.
Armée de ténacité, de son imagination (parfois source d’angoisse : Et si elle avait été enlevée par des extraterrestres mal-intentionnés qui lui avaient à son insu trituré le cervelet ? ou bien était-elle agent secret et a-t-elle raté sa dernière mission ?), de frêles indices retrouvés ici et là (dans des greniers, dans des poubelles, sur son ordi, dans son sac à main…), Éloïse s’attelle à la lourde tâche de savoir qui elle est, d’où elle vient et qui désormais fréquenter.
Comment vivre quand on a perdu le fil ? Comment se construire en partant d’une page blanche, d’un passé dont il a été fait table rase ?
Quelques médecins et psychiatres plus ou moins sceptiques, mais surtout Sonia, une collègue libraire – car Éloïse a vite pu comprendre en recoupant les faits qu’elle était salariée à la librairie Grambert, grossiste de Marc Lévy – vont la seconder dans ces investigations identitaires.
Interrogation existentielle sur la mémoire, sur ce qui fonde une personnalité, sur la trame de l’intime, La page blanche attaque frontalement et sans complexe les épineuses questions « qui suis-je ? » et « que racontent de moi les rayonnages de ma bibliothèque ? » (version réactualisée du fameux « en quel état j’erre ? »). Le trait doux de Pénélope Bagieu apportant à cette histoire de Boulet la petite touche de grâce nécessaire.