Samedi matin, Hédé-Bazouges est dans le brouillard et moi aussi. Arrivé sur le site à 10h du matin et c’est coup de feu. Ce samedi sera un jour spectaculaire. Je me retrouve bénévole à la billetterie et la billetterie, c’est de la billetterie et le bénévolat c’est du bénévolat, que veux-tu que je te dise là-dessus ? Rien, je n’en dirai rien. Même si j’ai passé de très bons moments. Parlons plutôt du reste et du plus important !
Hédé c’est tout mignon, c’est un petit village, une bourgade d’à peine 2000 âmes. C’est un petit endroit avec son église, ses deux écoles, ses ruines et autres caillasses, mais c’est surtout un théâtre Hédé. Le Théâtre de Poche, petit théâtre et pourtant bien vigoureux qui propose à l’année une programmation complète et riche en allant du spectacle pour enfants, en passant par le cirque, arrivant sur les classiques, etc. (il y a d’ailleurs un PASS 30€ pour toute la saison… je dis ça… je dis rien hein) ! Le Théâtre de Poche c’est aussi une équipe formidable, vivante et motivée qui une fois tous les deux ans se lance dans un projet de festival ; le bien nommé Bonus.
Bonus c’est une réunion artistique, une réunion populaire, une réunion ou la transversalité des pratiques et plastiques atteint une beauté rutilante ! ( je vais un peu loin non ?) bref, c’est un coup de frais ! J’y ai croisé cette année funambule, comédiennes, comédiens de tout horizon, musiciennes et musiciens de tous genres, il y avait aussi cet homme qui dansait avec le feu, incroyable. C’est aussi des petits, des grands, des enfants et vieillards, des rires aux effluves d’alcool, de thé, de tabac, de spectacles. L’expérience Bonus a été pour moi une parenthèse, juste à côté de Rennes, un souffle heureux sur un théâtre qui renaît grâce à ce genre d’événements, de lieu, de dynamique. Entre spectacles chorégraphiques, entre intervention/conférence sur le coming-out, le Nord, la famille, entre les mots magnifiques qui défendent routine et répétitions. Il y avait aussi ce funambule qui perd son pantalon, et puis la musique, ah la musique, celle dévorante de Cannibale, les sonorités déstructurées de Cachette à brr et les rythmes électriques de S.Y.D… Je n’ai pas pu tout voir, j’ai manqué les acrobates, j’ai raté Eperlecques, je n’ai pu me faufiler partout et pourtant si j’avais pu… et je n’y suis allé que samedi… Enfin bref, tout ça pour dire que j’ai envie de remercier Bonus, le Théâtre de Poche et toute son équipe en ma qualité de comédien, d’auteur, de metteur en scène car j’ai retrouvé là-bas ce qui m’anime dans ce métier, cette envie de partager, de voyager, de raconter, de se sentir exister. J’ai aussi envie de remercier Bonus en ma qualité de festivalier, d’humain tout simple, merci Bonus pour ces rencontres, ces rires et toute cette bienveillance qui émane de ton travail ! Je me souviens, en 2014 j’étais à Liège, au Théâtre à la Place, un théâtre squatté pour protester contre sa destruction. Il y avait de tout, du cirque, du théâtre, de la radio, des films de la danse, des expos… Il y avait une accessibilité extraordinaire, encore ce coup de frais, et dans le manifeste qui présentait la dynamique du lieu il disait que « La société a le théâtre qu’elle mérite, supposons que nous méritons mieux ». Merci Bonus car j’ai vraiment ressenti ce que ça veut dire « mieux » ce samedi. Merci d’être un de ces bastions du spectacle, un de ceux-là qui se battent pour l’accès à la culture, à l’avis critique et l’avenir plus brillant !
Floe, des cubes dans la nuit
On se dit à dans deux ans Bonus, en attendant j’irai user mes frusques sur les bancs du Théâtre de Poche. Je t’embrasse ; allez, rideau.
