Dans le cadre du festival de danses plurielles Agitato, le chorégraphe et danseur Mani Mungai présentera au Triangle The letter mercredi 7 juin. Un spectacle chorégraphique contemporain hypnotique, hommage à l’exil.
Il y a cinq ans, Mani Mungai trouve une lettre manuscrite de 6 pages en anglais dans un bus entre Évreux et Louviers. Il s’agit du récit d’un homme originaire de Guinée-Conakry qui écrit à sa femme de sa cellule de prison. Glissée dans la pochette du dossier avant, il s’interroge sur les raisons qui ont poussé la destinataire de cette lettre à l’abandonner. Sans nom, impossible de la restituer. Troublé et dépositaire de cette bouteille à la mer intime, il l’envisage de fait comme une matière à un travail artistique et s’interroge sur la forme de ce dernier, la distance à adopter, le langage à employer, le rapport au public pour rendre compte de l’histoire contée, et la sienne, témoin privilégié. The letter raconte tout autant le voyage de l’auteur de la lettre que le cheminement intérieur de l’artiste.
Ce travail de création introspectif a engendré un spectacle performatif épuré et intense. Au cœur d’une installation plastique signée Felix Rodewaldt, Mani Mungai marche et danse entre des lignes verticales d’une pièce imaginaire carrée, rotation carcérale ad-vitam d’un homme emprisonné qui tourne sur scène comme sur lui-même, rotations perpétuelle entre passé et présent pour une mise à nue finale. Ne reste plus que la peau entre les barreaux et un corps dépouillé qui prie pour les siens et sa famille au loin. À travers le thème de l’enfermement, l’artiste évoque en anglais, en français ou encore à la faveur de chants tribaux, les thèmes de l’immigration, de l’exil, du déracinement. Une lettre-vibrato qui traverse les corps et emporte les esprits !
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