Format plus court, plus « brut », La Revue de 16 se déshabille (un peu) pour se préparer au soleil mais toujours avec du rap, des seize et des clips. Rennes, Dunkerque et la Belgique sont aujourd’hui à l’honneur. Au programme ? Les derniers Damso, Sofiane, SCH, Veerus, L.O.A.S sans oublier Simba, JeanJass & Caballero. On n’hésitera pas à rajouter une once de clips venus d’ailleurs. Satisfait ou pas remboursé. What else ?
« D’où je viens l’inconscience est une arme, le savoir est un calvaire. »
[Bois d'argent] Sofiane
Ça vient de sortir ///
- Simba – Transmissions Sauvages
C’est à l’état sauvage que Simba présente son dernier album. Comme il l’a dit lui-même dans le premier numéro de La Revue de 16, le rappeur rennais n’attend plus, il crée ! Transmissions Sauvages s’empare du micro-cosmos rennais et pas seulement avec 21 morceaux hybrides. Renouant avec des sonorités à l’ancienne, ornées de boucles jazzy, de voix et de samples, celui qui s’est entouré de Jimmy Jay (l’ex-producteur de MC Solaar) passe la première aisément. Décrivant sa vision du rap, son style et ses valeurs sur « Regarde » et « Mon univers » ou engagé sur « La même mélodie » et « Quelle chance », reprenant le célèbre gimmick de NTM, Simba se livre spontanément et sans chichis. Made in Rennes mamène !
- L.O.A.S. – Tout me fait rire
Ça commence par une voix robotique avec « Tremblement de terre ». Par un détournement des lyrics de « Hardcore » de Kery James, ou par une danse à l’horizontal à la Keen.V. Oui, les références sont multiples et surprenantes avec L.O.A.S. Mais Tout me fait rire procure un répertoire sonore impressionnant pour un 11 titres ! Les prods, aux accents électro-pop, cohabitent facilement avec les coups de colliers, les angoisses, les mots d’amour, les rimes sales du rappeur. Vindicatif, excessif mais résolument positif : un vent d’air frais souffle sur des sujets tabous. Tout me fait rire, c’est de l’humour glauque en musique. De la violence joyeuse. Un vrai plaisir à se prendre une claque musicale. Je devrais presque m’excuser. En bref, c’est plus qu’un simple divertissement.
- Sofiane – Bandits Saleté
Disque d’or avec sa précédente mixtape #JesuispasséchezSo – concept présentant un clip et un morceau dans chaque grande ville de France – Fianso revient avec l’album Bandits Saleté. Spécialiste dans l’art d’être chez lui partout, Sofiane c’est également une voix et une grande gueule qui sait faire du rap de rue, la vraie, la pure. On l’imagine facilement dire des tas de vulgarités sur l’espèce humaine, c’est pas faux. Mais c’est aussi un contenu de fond sur du son brut. Violences policières, traitement médiatique, conditions pénitentiaires, les minots, les siens, les métaphores de science-fiction ou de figures mythologiques : tout y passe avec l’argot et la manière. Il suffit d’écouter « Bois d’argent » pour se prendre une violente décharge émotionnelle dans la tronche ! #JeréécouteraiSo
- Veerus – Mercure (EP)
Partisan d’un rap décentralisé, Veerus sort Mercure. Éloigné de tout ou presque depuis Dunkerque, la température est toujours aussi haute quand Veerus sort sa plume. C’est avec « la rage dans le ventre comme le contrôle d’un cops » que le Nordiste impose ses seize. L’écriture de Veerus intrique, tout comme ces prods. Il y a clairement un autre parfum dans le rap qui n’existait pas avant. Un EP qui ramène l’époque face à ses contradictions et ramène les valeurs à l’ancienne qu’on a pu zapper, à l’image de « Présidentiel » avec un sample à la Fabe. Une formule « audio » qui agit comme une drogue. Repeat !
- L’Or du Commun – Zeppelin (EP)
« Tranches dans le toaster, train de vie de rock-star ». Loxley, Primero et Swing forment L’Or du Commun. Un collectif bruxellois qui fait du bon bruit avec 9 titres teintés de mélodies pop-électro aux résonances vintage. Pourtant, c’est bien un vent d’air frais qu’apporte le flow et les textes du crew. Alors quand il s’agit de « Mettre la gomme » avec l’accent circonflexe sur le « o » en bon belge, ou bien de « remettre la musique au centre des débats », il y a du beau monde. « Parfois les poignées de mains laissent un grand vide » distille Primero sur le superbe « Étrangers ». Tout comme la fin du dernier titre. Bref, mettez du respect sur leurs noms.
- SCH – Déo Favente
« Deo Favente » est une locution latine signifiant « avec la faveur de Dieu » selon les contributions du célèbre Genius (merci ketoshtoo). Malade de cinéma, SCH aime incarner un millier de personnages. Le natif de Marseille évoque New Jack City, Reservoir Dogs, les modèles de voiture (« 6.45i »), de Rolex (« Day Date »), d’arme à feu (« Mac 11″) ou encore Booba (« Temps morts »,« Météore »). On retrouve aussi un brin d’histoire avec « Les années de plomb » pour évoquer les difficultés de sa jeunesse. Sombre, outrancier, SCH se demande s’il doit garder sa couronne de laurier. Trap, mélodies psycho, voix nasillarde modifiée et écriture sans forcément sujet-verbe-complément, telle est la recette du rappeur. Les rumeurs de plagiats ? On attend sa réponse. Un rap propre et craintif à la fois. #JohnMcClane
- JeanJass & Caballero - Double Hélice 2
Non, ce n’est jamais fini. Le duo le plus « folklo » du rap français revient avec le second opus de Double Hélice. Toujours à l’affût de la rime qui sort des sentiers rabattus, les rappeurs belges prouvent qu’ils dégainent plus vite que le fils de Morris. Sortons un peu des clichés. JJ et Caba nous aident à ce petit jeu en citant multiples références de leurs pays. Roméo Elvis, sa sœur Angèle, Seven sont invités à compléter la dream team. On aime reconnaître les nombreux name dropping mais également la drôlerie de punchlines bien senties comme « La chute je veux l’éviter. Fuck l’apostrophe, je veux léviter ». En apesanteur, il aura juste manquer un petit feat avec Calogéro. « Un endroit sûr » pour écouter du bon son !
- Damso – Ipséité
Il aurait sa place parmi les 7 salopards de Tarantino. Damso, c’est le type de rappeur qui a peur d’être sobre à tel point qu’il se demande s’il sera légitime comme père. Mêlant pop, trap, électro, rap et chant, le MC de Belgique se décharge avec Ipséité en inventant son propre alphabet à chaque titre. “Ipséité” signifie “identité propre”, ce qui fait qu’une personne est unique et absolument distincte d’une autre selon Rap Genius. Après Batterie Faible, marquant les esprits dans le milieu rap, Dems commence très fort avec Nwaar is The New Black. Lui, il sait faire du sale. Pointant ses contradictions avec du culot et une grosse pointe de provocation. Entre légèreté et brutalité, Dems dépeint une drôle d’époque, aux teintures énigmatiques. « Macarana » !
- Rennes City – Compilation
Guess who’s back ? Pour celles et ceux qui ne connaissent pas le paysage musical rennais, voici un produit qui peut les intéresser. Sous l’impulsion de Rekta, le projet devenu réalité réunit une multitude de emcees bretons à la dent longue. Simba, Doc Brrrown, Kenyon, Micronologie en figures de proue succèdent à Abd, Enerku, Casta pour ne citer qu’eux. Sur majoritairement de la trap, les artistes décrivent la géographie de la ville avec leurs propres seize. 23 titres donnant un aperçu de ce que peut donner le rap de Rain City.
« Bonjour, c’est un doigt d’honneur de vous rencontrer »
[Rvre] JeanJass & Caballero
Les Autres Trucs [en un clip] ///
« Les yeux dans l’ciel
Pas de drogue dans l’crâne, j’ai juste l’image d’une montre présidentielle »[Mercure] Veerus
La Playlist [Ça vient d'ailleurs] ///
Ça va sortir prochainement ///
- 19.05 : DTF – Sans rêve
- 19.05 : Kalash Criminel – Oyoki
- 19.05 : Lucio Bukowski & Soulchildren – SIMORGH
- 19.05 : Mister V – Double V
- 22.05 : Saf – Aux murmures de l’aube
- 26.05 : Panama Bende – ADN
- 02.06 : Ladea – Alpha Leonis
- 02.06 : Keny Arkana – L’Esquisse
- 09.06 : Disiz La Peste - Pacifique
- 19.06 : Naps – Pochon bleu
- 07.07 : The Doppelgangaz – Dopp Hopp
- 12.08 : Joe Lucazz – No Name 2.0
- xx.10 : Grems – P.O.M
- xx.xx.17 : Big Flo & Oli – La vraie vie
« Une drôle d’époque appelle de drôles d’idées
Ce serait vraiment dommage de ne pas en profiter
Une société a les crimes qu’elle mérite
Tous les moyens sont bons pour s’exprimer »
[VLV] L.O.A.S