Tout au long du mois de mars, le collectif Rien à Jeter investira l’Hôtel Pasteur pour une série d’animations autour de l’architecture et du réemploi de matériaux. Une manifestation ouverte à tous, pour découvrir et pour construire.
Rien à Jeter, c’est un collectif réunissant plusieurs structures: Katapulte, Espasces possibles?, Bâti Récup et la Villa d’Architecture, en partenariat avec RCube et le Pavillon de l’Arsenal, et qui met en avant les réflexions et les pratiques de gestion des déchets dans l’architecture et la construction. Une thématique qui intéresse et interpelle en cette époque de toutes les transitions, et c’est un grand nombre de visiteurs qui se sont réunis à Pasteur vendredi dernier, pour célébrer le vernissage de l’exposition qui s’y tiendra du 3 au 31 mars.
Matière Grise est une exposition créée et prêtée par le Pavillon de l’Arsenal pour ce mois du réemploi: présentée une première fois à Paris de septembre 2014 à janvier 2015, son commissariat a été confié à l’agence d’architecture Encore Heureux (également en charge de la réhabilitation de l’Hôtel Pasteur).
L’exposition présente une série de projets architecturaux qui mobilisent le réemploi de matériaux, aux quatre coins du monde. À découvrir, un large panel d’initiatives inventives et efficaces, de la maison aux murs porteurs composés de 72000 plaques de moquette, à la toiture retournée pour recueillir l’eau de pluie dans une habitation en plein désert navajo, aux cloisons en magazines empilés, aux façades en briques de récup’, en tôle, en tuiles agglomérées ou même en fenêtres en chêne récupérées pour le siège du Conseil de l’Union Européenne… le tout présenté sur portants eux-mêmes en matériaux récupérés, ficelle, carton et rouleaux de chez Toto. L’ensemble est bien documenté, foisonnant d’idées et en pleine harmonie avec le lieu d’exposition, l’Hôtel Pasteur, lui-même édifice en cours de réhabilitation et accueillant projets et collectifs pour inventer, là aussi, d’autres façons de construire.
Dans l’après-midi, en amont de l’exposition, Tibo Labat a animé une promenade à pied à travers la ville, de Saint-Jacques-de-la-Lande jusqu’au centre-ville de Rennes, dans le but d’observer la physionomie des espaces, les flux qui les traversent, et de créer les conditions d’une discussion collective : « Chacun prend la parole, la marche crée une convivialité ; on est garant du cadre, mais pas du contenu. On a tous des compétences pour parler de la ville. »
Car la dimension participative est au cœur de la manifestation : les visiteurs sont chaleureusement invités à partager leurs expériences de construction en récup’, en venant afficher leurs récits, leurs photos, leurs plans… Une carte collaborative des lieux de réemploi en Bretagne est également mise à disposition, s’enrichissant, au fil de l’exposition, des adresses et des lieux que les visiteurs viendront y ajouter, afin de faire connaître les acteurs locaux du réemploi des matériaux. Et temps fort de la manifestation: un chantier participatif se tiendra du 13 au 17 mars dans le but de fabriquer une structure en utilisant des matériaux trouvés sur le site de l’Hôtel Pasteur (plus de précisions sur le Facebook de l’événement).
Au-delà de considérations uniquement matérielles, c’est bien le questionnement des éléments de notre quotidien et la mobilisation du vivre et du faire ensemble qui sont en jeu. Il s’agit aussi de transformer le regard porté sur les déchets, pour cesser de les considérer comme matières usées, obsolètes, à évacuer ou à recycler, pour en voir le potentiel de réutilisation, de transformation. Autant de bonnes raisons pour se retrouver tout au long du mois de mars, afin d’échanger expériences, savoir-faire et enthousiasmes.
Exposition à l’Hôtel Pasteur du 3 au 31 mars
Plusieurs rencontres et tables rondes sont au programme, plus d’infos ici.
Et de quoi s’intéresser à la question : les artistes font-ils les poubelles ?