Jeudi 2 mars, l’Antipode de Rennes. Secousses hip-hop. Et pas n’importe lesquelles. Retour sur un concert qui a réuni Killason, HDBeendope, Apollo Brown & Skyzoo. Et Black Milk & the Nat Turner Band. The fuckin’ Nat Turner Band.
L’Imprimerie n’a pas l’habitude, contrairement au rap US, d’utiliser à tour de bras des « fuck » et « shit ». Pourtant ce sont les seules réactions qui palpitent encore ce matin après la prestation des groupes de la veille. Pull up.
Dans le cadre du festival Urbaines, l’Antipode programmait donc jeudi 2 mars un plateau hip-hop : 4 groupes. En introduction, Killason, rappeur, beatmaker et danseur parisien; veste velue ou lunettes rondes, instrus électroniques, Killason joue le show avant l’entrée de HdBeenDope. Un retour sur la scène de l’Antipode deux ans après une programmation pour le festival Dooinit. Un nouvel opus sous le bras, PHeace Be The Journey, moins oldschool que le Since94 qui l’avait fait repérer, le flow est toujours aussi précis, et en deux ans l’assurance sur scène a grimpé. La salle se réchauffe.
HdBeenDope (élu meilleur sweat de l’année) enchaîne ses titres, accompagné d’un DJ efficace, arpente la scène et envoie l’Antipode se promener à New York. Un check général pour le 1er rang, et il laisse la place à Apollo Brown et Skyzoo.
Apollo Brown fait mariner le public avec un medley de productions, jusqu’à ce que Skyzoo entre. Température avoisinant les 50°, le public se lâche et profite d’une nouvelle heure de son. On reste dans les rues de New York avec le storytelling Skyzoo, et on s’avance lentement vers Detroit avec Apollo Brown, jouant les titres de leur album The Easy Truth sorti l’an dernier.
Et donc là nous ne savons plus si nous pouvons nous permettre de dire le meilleur pour la fin. En fait si. Le meilleur pour la fin. Black Milk and The Nat Turner Band. Ou plutôt The Nat Turner Band, clavier batterie basse, qui introduit Black Milk pour un set mémorable.
Au menu : une basse prenante, un batteur fou, un clavier jazz, et un flow ciselé et puissant. Black Milk insiste pour nous entraîner dans son versant soul hip-hop de Detroit. Et fucking shit. Son idée de rassembler un band jazz funk live, initié avec l’enregistrement de The Rebellion Sessions en 2016 (album uniquement instrumental), porte aujourd’hui ses fruits sur scène. Un projet fusion qui claque.
C’est donc un tapis de groove funk soul beats et d’envolées rythmiques qui jouent avec le flow de Black Milk (qui s’amuse aussi parfois avec sa MPC histoire de contrer le batteur). Musiciens qui se font backing vocals, emcee qui scotche de « Black Brown » à « Losing out« , le show défile à peu près aussi vite que le batteur manie ses baguettes. Le public n’a aucun mal à vouloir rejoindre le plafond.
Remercions le Nat Turner Band (Aaron « Ab » Abernathy au clavier, Malik Hunter à la basse, et Zebulun « Z » Horton à la batterie) pour leur set et leur final impeccable. Et l’Antipode pour cette programmation.
Urbaines continue jusqu’au 12 mars !