Vous avez forcément croisé un collage signé Deuxben. Qui ça ? Deuxben de Rennes, qui anime cette semaine un atelier jeune public à la MJC Grand Cordel dans le cadre du festival Urbaines et qui exposera également à l’Antipode MJC.

■ Est-ce que tu peux présenter un peu ton parcours pour en être arrivé au collage urbain ?

Deuxben, graffeur niçois jusque 2005, j’ai repris l’art de rue sur Rennes, avec le collage en 2013.

■ Pourquoi ce nom, Deuxben de Rennes ?

Parce que je m’appelle Ben. J’avais envie de faire simple en signant avec mon nom mais à Nice il existe un artiste fort connu répondant déjà au nom de Ben (Vaultier). Je trouvais juste que Deuxben sonnait mieux que Ben2. J’y ai ajouté ma ville d’adoption parce que l’allitération est bonne.

■ Hôtel Pasteur au départ, puis centre-ville, puis tout Rennes, impossible de faire un pas sans croiser un bonhomme. Pourquoi ces petits personnages ? Tu travailles toute la nuit pour les coller ?

L’Hôtel Pasteur n’est pas le point de départ. J’ai commencé à coller de grands personnages totémiques avant. L’Hôtel Pasteur (et l’association Tête de L’art) m’a juste permis de m’afficher dans un lieu cool dédié à la culture sous toutes ses formes. Une sorte « d’officialisation » de mon travail.
Pour en revenir à la question, mes personnages sont juste là pour s’afficher. Ils n’ont rien à dire et souvent sont bâillonnés, parfois ils le font d’eux-mêmes. Plusieurs lectures de mon travail sont possibles. Car j’affectionne les petits détails qui donnent du sens. Amener une réflexion chez celui (ou celle) qui prend le temps d’observer dans la rue.
Je travaille chez moi à mon rythme qui, paraît-il, est très productif, et je colle quand j’ai le temps….

■ C’est souvent du collage sauvage; toujours pas de pépin pour l’instant de ce côté-là ?

Non pas de pépins. Mais je me cantonne à coller sur des supports qui ne gêneront pas grand monde : palissades de chantiers, lieux abandonnés ou vitrines vides. Le collage me convient bien en centre ville. Mais je peins aussi de manière plus classique, à la bombe, sur les murs autorisés du réseau R.U.E, sur toile ou encore dans des friches industrielles.

« j’aime beaucoup le travail conceptuel et malin de Mardi Noir »

■ Parmi les noms phares de l’histoire du « street art » rennais en collage, entre autres, il y a Zilda; il fait partie de ceux qui t’influencent ? Où trouves-tu tes sources d’inspiration ?

Zilda ? Non pas vraiment. Je suis plus attaché à des graphismes flashy, des formes simples et géométriques. Je suis plus inspiré par Keith Haring, Miró, Miss Van, Jean Julien, la S.A.P.E, Maser ou encore Kirsten McCrea….
Parmi les Rennais j’aime beaucoup le travail conceptuel et malin de Mardi Noir, le bestiaire gigantesque de WAR, l’humour d’Arrival, le vandalisme de Caca ou encore les singes de l’ami LéLé et les graphismes de Lazuli.

■ Tu participes au par le biais d’un atelier collages avec la MJC Grand Cordel; quel est le projet ?

Dans le cadre d’Urbaines, je fais plusieurs atelier et une exposition. L’atelier au Grand Cordel est participatif. Plusieurs enfants et moi allons décorer la façade de la MJC. J’adore ce type de travail en collaboration avec des enfants. Ils sont l’énergie et la fraîcheur même. Encore une belle source d’inspiration.
Sinon, avec mon pote Swan, on exposera du 18/02 au 12/03 à l’Antipode. Pour Heures de Colle on a entremêlé nos deux médiums d’expression (la photo et le dessin) pour parler de sujets qui nous tiennent à cœur : Mixité, couleurs, différences et partage.
Pour finir, je participerai également à un atelier « à la manière de » avec d’autres enfants, à l’Antipode.