Artiste aux multiples facettes, Tarek expose « L’esprit des bois » jusqu’au 9 décembre au Bar’expo de Rennes. L’occasion de poser quelques questions sur son travail visuel, et la nouvelle édition anniversaire de Paris Tonkar.
■ Tarek, pour ceux qui ne te connaissent pas, une rapide présentation ?
Je suis auteur de bande dessinée depuis 1999 mais aussi l’auteur du livre de référence sur le graffiti : Paris Tonkar (parution en 1991)… Je pratique également la photographie tout comme la peinture. J’ai commencé la peinture sur toile et sur plastique dur vers le début des années 90 après avoir découvert et pratiqué le graffiti (tags et graffs) en 1986. Je dessinais beaucoup, presque tous les soirs… Et un jour, j’ai décidé d’utiliser mes bombes aérosols pour peindre autrement. Avec les années et mes rencontres, en particulier dans la bande dessinée, j’ai utilisé de plus en plus l’acrylique, les collages, le pastel gras, les encres et parfois même des objets de récupération. Depuis 2010, j’ai choisi de montrer à nouveau mon travail pictural car je pense avoir trouvé mon style à travers des séries en peinture comme « Tribal » ou « Skulls ». J’éprouve aussi le besoin de partager ma vision de l’art avec le plus grand nombre : je mets en pratique cette pensée en collant des personnages dans la rue (Men at work, Girls in the city et Skulls), en ayant des collaborations avec des artistes urbains (Bastek, Mister Pee, Yarps, Mat Elbé, Jo Di Bona, Pioc, Basto et Gregos) et en réalisant de plus en plus de murs. Il y en a deux ou trois encore visibles à Rennes !
■ Peinture, photo, scénario, quand on parcourt ton site c’est plutôt prolifique; comment fais-tu pour ne pas te mélanger les pinceaux dans tout ça ?
Je travaille sur plusieurs projets différents en même temps, tout en faisant attention à les mener jusqu’à leur terme avec un haut niveau d’exigence. Mon secret se trouve peut-être dans ma capacité de travail (importante) et ma souplesse d’esprit qui me permet de passer d’un sujet à un autre en me concentrant très rapidement. Travail et recherche de la perfection pourraient résumer ma démarche.
■ Quelles sont tes plus grandes influences visuelles ?
Mes références sont multiples : la peinture classique, le pop-art, le graffiti, la calligraphie et bien évidemment la bande dessinée qu’elle soit underground ou grand public. J’apprécie également l’art pariétal, le vaudou et les expressions artistiques traditionnelles, en général. Je suis curieux et tout ce qui peut m’apporter un plus à mon travail, je le prends puis le case dans mon imaginaire.
l’art urbain, illégal et authentique, créatif et vandale mais toujours aussi vivace !
■ Premier semestre 2107 une nouvelle édition anniversaire Paris Tonkar devrait sortir : quelques mots sur cette aventure ?
Vingt-cinq ans après la parution de mon livre Paris Tonkar, qui est devenu une référence en France et en Europe, j’ai décidé de publier une nouvelle édition anniversaire. Celle-ci, en préparation, sera revue et corrigée avec de nouvelles photographies et de nouveaux artistes. Elle reviendra sur les toutes premières années du graffiti français mais aussi sur sa présence dans la banlieue (1983-1995).
Pour accompagner cette nouvelle publication, j’ai choisi de lancer un magazine avec l’équipe d’IHH, avec qui j’ai travaillé dans le journal 1Tox en 1992. Un site web a été mis en ligne depuis la sortie du premier numéro en 2010 qui permet de mettre des vidéos et des articles. Le temps est venu de parler des premières années du mouvement graffiti avec recul et justesse pour que le public connaisse l’histoire de ce moment particulier de l’art urbain, illégal et authentique, créatif et vandale mais toujours aussi vivace ! Le livre est en cours d’achèvement et sortira courant 2017… Patience !
■ Jusqu’en décembre certaines de tes peintures sont exposées au Bar’expo de Rennes. Il est indiqué dans ta bio que tu y travailles alors même que tu te déplaces pas mal, qu’est-ce que tu aimes à Rennes ?
J’apprécie la vie dans cette ville, agréable pour y habiter et se reposer… Et même pour y créer ! Cependant les lieux pour montrer et proposer son travail sont trop peu nombreux hélas. Le Bar’expo est un lieu important car il me permet de créer un contact avec le public rennais qui est demandeur.
■ Quel serait ton dernier coup de cœur culturel ?
Le musée des Beaux-arts à Hambourg.
L’exposition au Bar’expo (rue Jules Simon) est visible jusqu’au 9 décembre