Bienvenue au cabaret, dernière pièce du comédien, metteur en scène et auteur David Perrot co-écrite et mise en scène avec Thomas Lallement. Monologue enivrant d’une diva divine qu’il interprétera le 23 novembre au bar L’Artiste assoiffé.
Elle s’appelle Rose-Blanche. Longs cheveux colorés, body rouge, faux-cils, porte-cigarette. Travesti pour jouer, pour chanter, pour séduire. Son métier c’est la scène, les feux des projecteurs, le cabaret. À la fin d’un spectacle, l’artiste rentre dans sa loge désabusée et découvre son public qui l’attend. Effet miroir : commence alors un monologue-catharsis, ivre de paroles, de paillettes et de bulles. La bouteille de mousseux à la main, Rose-Blanche déverse confidences sur confidences, discute au téléphone, entame une danse électrique… Transformiste, la reine des folles nuits rennaises se livre et se délivre. Elle monte dans l’arène du strass, du stress et de l’underground, narre son épopée nyctalope, star déchue qui s’enivre sur scène, star déçue qui n’a jamais voulu vendre son cul au capitalisme. Elle évoque ses folles années perdues puis jette le masque, tombe la perruque.
« Après j’ai chanté dans la rue comme la môme, mais moi c’était pour emmerder le monde et les patrons, ces mange-merdes. J’ai dit la misère les fait danser, allons-y… »
Avec Rose-Blanche, le comédien David Perrot se glisse dans la peau d’un personnage haut-en-couleur protéiforme. À la fois diva sensuelle et glamour devant son public et homo malheureux, alcoolique, lucide en coulisse, l’artiste habite la scène, danse, vibre et surtout partage. Le monde change, la verve à vif, sans pitié cependant. Les auteurs du spectacle injectent une bonne dose d’humour et de poésie pour ne pas sombrer dans la nostalgie lacrymale et démodée. Rose-Blanche regrette ses années fastes mais ne pleure pas sur le « c’était mieux avant ». Elle s’ancre dans notre époque, un temps que les plus ou moins vingt ans peuvent connaître. Autant qu’une critique du merchandising-spectacle, le comédien apporte un regard drôle et poétique sur la société rennaise contemporaine, fable plutôt que brûlot car la politique, son personnage s’en fout. Il en constate juste les dégâts sur les hommes et l’urbanisme au fil de sa transformation. L’émotion affleure aussi. Petite sœur de la Blanche Dubois de Tennessee Williams, Rose-Blanche flirte parfois avec le délire, perdue dans une ivresse qui rabaisse. Mais elle se relève, reprend sa véritable apparence. Le garçon derrière le rose, jeans, chemise et toujours la clope. Une dernière taffe pour la beauté du geste. Sans modération. Un cabaret nommé désir.
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