Le vendredi 7 octobre à Rennes, s’il y a une date à ne pas rater pour les amateurs de rap français, ce sera bien à l’Ubu, pour une soirée hip-hop en compagnie de La Rumeur, Kohndo et Jp Manova. Interview croisée.

■ Votre sentiment sur cette soirée en scène partagée le 7 octobre à l’Ubu ?

La Rumeur : Un vrai plaisir d’être aux côtés de Jp et Kohndo, en plus d’être des briscards avec qui on s’est toujours bien marré, on suit et on apprécie leur travail depuis des années. À l’Ubu, en plus, où a eu lieu le premier concert de La Rumeur, en 96.

Jp Manova : Le sentiment d’avoir la reconnaissance de pros qui aiment réellement la musique. La qualité de la prog’ des Transmusicales ne s’est jamais fourvoyée au fil des années. En avoir fait partie est une bonne chose.

Kohndo : Je pense que ça va être anthologique. Du vrai hip-hop avec du fond, de la forme et une vibe hors-norme !

Focus sur La Rumeur

Leur parcours résumé en 5 mots :

Ombre // Mesure // Cœur // Outrage // Hip-hop

■ Vous allez sortir un nouvel album en avril 2017. Comme pour « Tout brûle déjà », vous le sortez au moment des campagnes présidentielles. Coïncidence ? Pourquoi ce choix ?

C’est surtout le 20e anniversaire de La Rumeur. Le maxi « premier volet » était sorti en avril 97. On doit aimer le mois d’avril, le retour des beaux jours, un peu comme les grizzlis d’Alaska ou Winnie l’Ourson après une longue période d’hibernation. Sur 5 de nos albums, 4 auront été lancés en période de campagne présidentielle terminale. On doit aimer les accès semi-ouverts et les terrains encaissés. On rechigne pas non plus à faire face à un peu d’hostilité et de bêtise politique. C’est un moment intéressant pour présenter au public une nouvelle pièce.

■ Ekoué disait dans une interview dans Le Monde (2012) : « Il n’y a pas plus politique que la Rumeur ». Ce sera toujours le cas avec cet album ?

Cet album aura la maturité de nos testicules, il sera plongé dans la vie. Donc politique, oui, il y a fort à parier.

■ Vous allez sortir également un long-métrage début 2017, est-ce que vous pouvez en dire plus ? Est-ce que cela jouera une influence majeure dans le futur album ?

Les derniers Parisiens, notre premier long-métrage sortira en salles le 8 février. Prenez date ! On est très fiers de ça. On l’a entièrement produit, en totale indépendance, à partir de notre propre label ciné, La Rumeur Filme. Beaucoup de choses vont s’agréger autour de cet événement : une grande avant-première à Paris, des concerts spécifiques, des festivals ciné et musique, une nouvelle plate forme Web, une bande originale et d’autres choses que nous annoncerons le moment venu. Le 5e album sortira quelques mois après tout ça et forcément sa vision artistique sera empreinte de ce moment particulier de notre carrière.

Focus sur Jp Manova

Son parcours résumé en 5 mots :

Travail // Culture // Voyage // Patience // Vie

■ De retour sur Rennes après les TransMusicales et une longue tournée pour défendre 19h07, qu’est-ce que tu retiens de cette aventure musicale ?

Un tremplin et une exposition clef dans mon parcours. Jean-Louis Brossard a créé ce festival en 1979. Il est le premier à avoir programmé en France Lenny Kravitz, Ben Harper, Björk, Les Fugees… C’est quelqu’un qui connaît la musique et le fait qu’il m’a invité personnellement à me produire à la soirée de clôture de son festival représente beaucoup pour moi. On aura bien foutu le feu ce soir-là avec mon pote Rocé venu pour l’occasion…

■ Pour rester dans la veine politique, est-ce que tu estimes faire « le hardcore que t’imagines » comme ton poto Rocé (Si peu comprennent) ?

Le « hardcore » est une notion qui m’a toujours paru très relative. Je trouve certaines chansons de variété beaucoup plus « hardcore » que pas mal de clip de trap music.

■ Qu’est-ce que tu manigances après 19h07 ? Une pause ou alors d’autres projets musicaux ?

Une réédition avec 5 inédits en octobre et un tout nouvel album en février. Je viens d’arriver et je ne fais que commencer…

Focus sur Kohndo

Son parcours résumé en 5 mots :

Hip-hop // Savoir // Transmission // Humanisme // Foi

■ Dans une interview donnée par l’Abcdrduson, tu disais que « Booba, Rohff et Maître Gims ne se rendaient pas compte de l’impact qu’ils ont ». Que penses-tu de l’impact que peuvent réunir La Rumeur, Jp Manova et Kohndo en même temps ?

On propose du rap adulte et authentique. L’impact qu’on a se calcule sur le plan historique. On a tous des classiques à notre actif et dans le symbole on incarne une perspective pour les auditeurs et jeunes emcees qui se battent pour avoir le droit d’être eux-mêmes.

« Certains titres m’ont coûté des larmes aussi. »

■ Tu as sorti un album « concept » avec pour fil conducteur l’enfermement entre « 4 murs » à travers tes expériences personnelles. Quels ont été les retours vis-à-vis des personnes que t’as côtoyées au quotidien ? Et ceux du public ?

Si tu veux parler des détenus qui m’ont donné l’envie de faire Intra muros, les retours sont positifs. Je suis allé faire une tournée des prisons du Sud avec Mouloud Mansouri et son asso Fudjo en juin dernier c’était fort. J’étais là pour donner de l’inspiration et de l’énergie aux détenus. Quand tu peux échanger, être à l’écoute, partager le mic avec d’autres tu retrouves les sensations pour lesquelles t’as voulu rapper. Le mc c’est aussi la voix des sans-voix.

Quant aux autres personnages qui peuplent ce disque ils sont tous une part de moi-même et de mon histoire. Il y a un peu de mes parents, des oncles et tantes, des potes, des femmes que j’ai rencontrées. J’ai abordé des sujets très intimes. Mes textes n’appellent pas de réponse chacun les vit à son niveau. Quelques-uns m’ont avoué avoir pleuré à l’écoute de titres comme « Revenir à la vie », ou « Comme des particules ». Certains titres m’ont coûté des larmes aussi.

■ Est-ce qu’il y aura d’autres « particules » à venir après cet album ?

Je fête mes 22 ans de carrière dont 18 en solo, tant que j’aurai des choses à dire je continuerai à faire de albums. Je réédite « Intra-muros » avec 5 inédits fin octobre, je finis la tournée et je ré-embraye avec un nouvel album.