Eyðibygging : voyage à l’ombre des lumières

Dans le hall de l’hôtel Le Magic Hall dédié aux arts du spectacle, l’exposition Eyðibygging de l’artiste prolixe Pauline Goasmat empreinte la route des no man’s lands d’Islande, de Bretagne, d’ici et d’ailleurs… Voyage lumineux intemporel en noir et blanc, au grès des révélations urbaines.

 

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En islandais, Eyðibygging signifie « bâtiment abandonné ». L’exposition éponyme de Pauline Goasmat extrait la quintessence de ces ruines invisibles. La réalisatrice et photographe édifie son œuvre au cœur des dérélictions urbaines perdues de vue depuis des années, les yeux ouverts sur des secrets oubliés de la nature. Un livre feuilleté chez une amie en Islande déclenche sa passion pour l’urbex, les constructions désaffectées, les carcasses de voiture, les usines fantômes, les cimetières de tôles etc. Pendant des mois entre le nord de l’Atlantique, la région parisienne et la Bretagne la jeune femme se promène, fouille, défriche parmi les friches. Telle une herboriste qui s’enfonce dans la forêt en quête de l’herbe rare pour préparer sa décoction, au milieu de nulle part, elle enferme dans sa boîte noire des pépites cachées, ignorées, saccagées, exhume le passé sans nostalgie, traque l’intemporalité.

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Une première sélection d’une centaine de photos surgit de cette exploration minutieuse, Pauline propose alors à des amis-auteurs (romanciers, musiciens, scénaristes ou amateurs à la plume éclairée) de s’en inspirer. En résulte le projet-livre  Eyðibygging (toujours en quête d’éditeur), soixante-dix pages et quarante images, assorties de textes d’une dizaine d’écrivains. Une exposition voit  également le jour, dix-sept photos numérotées sur papier d’art. Au départ, images en couleur numériques mais dans ces lieux aux portes souvent fermées, à l’éclairage naturel évanescent, le choix du monochrome s’impose de facto comme le meilleur moyen de capturer ces faisceaux qui dévoilent par bribes un monde éteint et métallique surgi des entrailles de la terre. Les photos de Pauline s’écrivent ainsi, en noir et blanc pour mieux exprimer son ressenti, sculpter la matière, la lumière, le grain dans leur plus simple expression bien loin des bidouillages ostensibles en HDR à la mode. Elle songe même à se mettre au sténopé afin de mieux rêver, guetter, peaufiner la photo unique.

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Pauline Goasmat a appris la patience, à composer avec le temps, les saisons, les pays. Souvent sur les routes, un appareil argentique à portée de main, de ses voyages, elle a ramené d’autres clichés en couleur  qu’elle présente également au Magic Hall, dans une seconde partie de l’exposition intitulée « Lumières de… » entre Reykjavik, le fjord de la Baleine, Dakar, Yoff (pour une commande de film), Pléchâtel et Bain-de-bretagne. Toujours sous le signe de la clarté, celle qui traverse le visage de la jeune femme quand elle évoque sa passion pour l’image, son parcours, ses projets et sa quête de l’instant les yeux rivés à son boitier argentique ou numérique, dans les salles obscures ou sur les murs des lieux d’exposition. Peu importe la forme pourvu que jaillisse la lueur. Et des mondes de Pauline, nous vous reparlerons prochainement…


Exposition Eyðibygging au Magic Hall – 17 rue de la Quintaine, 35000 Rennes jusqu’au 31 août.
N’hésitez pas à demander à l’accueil du Magic Hall, le numéro zéro du livre édité par Pauline Goasmat spécialement pour l’occasion. Vous pouvez également en parler autour de vous afin que ce beau projet trouve un éditeur !


 

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