Sieranevada : un drame un peu chiant fastidieux du Roumain Cristi Puiu.
C’est l’histoire d’un repas dans l’hiver roumain. Pour commémorer une disparition, honorer un défunt, apaiser son âme et réconcilier les vivants autour de petits plats faits maison. Le patriarche, Emil, n’est plus. On n’en saura guère plus, si ce n’est qu’il trompa sa femme et que sa maîtresse les accompagnait durant les vacances en famille en bord de mer. La famille, réunie justement dans l’appartement de la veuve (Dana Dogaru), attend le pope (Valer Dellakeza).
Tout quasiment se déroule dans la cuisine, la salle à manger et le couloir qui mène aux chambres, au bureau et aux WC de cet appartement aussi sombre qu’encombré. Ce huis-clos est l’occasion d’en savoir un petit peu plus sur ces Européens de l’Est et leurs mœurs.
Sans y être formellement invité, on participe à cette fête. En se demandant un peu ce qu’on y fait. On ne connaît pas les rites religieux locaux*, ni les habitudes de cette tribu bucarestoise, ni les personnalités des convives. Alors progressivement on fait leur connaissance : Relu, le frère militaire en permission extraordinaire, d’ordinaire en mission au Kosovo (Bogdan Dumitrache) ; la veuve et sa sœur, l’une et l’autre victimes de problèmes d’adultère et de santé ; le cousin geek qui cherche la vérité sur Internet au sujet du 11 septembre 2001 ; Lary, le fils, paisible médecin reconverti présentement en représentant de matériel médical (Mimi Brănescu**) et sa femme coquette qui a des courses à faire chez Carrefour (avec la carte bleue de son mari)…
Ça mange du chou farci, de la polenta, de la ciorbă et du bortsch en buvant du whisky ou du vin blanc qu’on suppose danubien. Ça fume dans la cuisine, et seulement dans la cuisine. Ça se dispute, règle les comptes, évoque le passé communiste du pays. Les femmes mettent le couvert… Ça communie, ça se chamaille, ça s’échange des informations, ça se console… Ça ressemble à un épisode, un peu long peut-être (2h53 quand même…), de l’émission franco-belge des années 80 et 90, Strip-Tease, qui aurait été tourné à Bucarest.
* Selon le recensement de la population de 2011, 16’307’004 citoyens roumains (sur 19’942’642 habitants, soit 81,8 %) déclarent appartenir à l’Église orthodoxe roumaine.
** Mimi Brănescu qu’on avait beaucoup apprécié dans Mardi, après Noël du Roumain Radu Muntean, sorti en France en 2010.