Du 3 au 5 juin, la petite commune de Piré-sur-Seiche a connu une belle agitation, au parc du Château des Pères pour la 7e édition du festival Cirque ou presque. Pour preuve, nous avons même connu des embouteillages.
C’est une file de voitures quasi continue qui afflue vers le château des Pères dimanche après-midi. Le ciel est voilé, mais il ne pleut pas, ce qui revient à dire qu’il fait beau. Dans le parc, chaque compagnie a dressé son chapiteau. Un véritable festival de cirque donc, dans un lieu unique; une proposition qui fait le succès, puisque la plupart des spectacles affichent complet et le festival aura connu sur le week-end plus de 8 000 spectateurs. Un record.
Preuve que le cirque contemporain se porte bien, et ce n’est pas la foule nombreuse qui a profité du spectacle Wagon du Galapiat Cirque qui dira le contraire. Massé autour d’un wagon, le public profite d’une heure de voyage en train. Et pas n’importe lequel. Le quai des rêves, fait de malencontreuses aventures de valises, de départs manqués, d’ascension en mât chinois, de safari improbable, d’effets sonores ou pyrotechniques (nos respects au lion passé dans le cercle de feu), finit par se transformer en paysage poétique maritime.
Un succès fortement applaudi, avant que la foule ne se disperse, pour profiter du jardin zen, du coin jeux ou encore d’une crêpe au chocolat. Enfants maquillés, bulles de savon géantes, poussettes de toutes marques, c’est une ambiance familiale qui règne sur le château des Pères. De quoi flâner près d’une verrière à l’abandon ou des collections permanentes présentes dans le parc, entre sculptures métalliques de chevaux ou grande plume rouge.
Le spectacle très attendu et qui joue à chapiteau fermé, c’est Klaxon du collectif Akoreacro. Le programme promet des figures « à la limite du réalisable ». Le public sera servi. Klaxon, ou la fusion d’une mise en scène entre 6 acrobates et 5 musiciens qui jouent en direct. Un Mr Loyal à l’accent allemand, un acrobate déroulant des traductions interminables en espagnol, c’est parfois un joyeux bazar qui règne sur la piste. Et de ce tourbillon nait la précision du geste et la force des numéros.
Car le collectif Akoreacro, qui maîtrise également très bien l’influence des musiques de l’Est, a fait de l’acrobatie sa spécialité. Portés, saltos arrière et autres prouesses, sont ici utilisés avec parcimonie, et surtout revisités, notamment grâce à la présence d’un piano à queue monté sur roues, qui sert parfois de tremplin quand il ne s’agit pas de jouer du Jean-Sébastien Bach. Les figures s’inscrivent donc dans des passages souvent poétiques, mais l’humour n’est jamais loin, et surgit avec talent. Comme la façon de remanier le jonglage avec un balai et accompagné de beatbox.
Passage au cerceau impressionnant, voltige musclée, Klaxon part parfois dans tous les sens, mais pour mieux revenir à l’essentiel. Du talent chez Akoreacro, il y en a, et ils savent s’en servir. Un peu plus d’une heure de sauts périlleux, et le public qui s’est parfois décroché la mâchoire devant autant de risques, applaudit à tout rompre. De quoi repartir le cœur léger. Vivement la prochaine édition !
