Stéréoscopia, le réel et son double

Inspiré par les recherches sur la perception en relief du peintre florentin Jacopo Chimenti, Stéréoscopia invite à une expérience troublante où deux danseuses effectuent une chorégraphie parallèle à la symétrie hypnotique. Ce spectacle de Vincent Dupont se jouait au Triangle lors du festival Agitato le mercredi 1er mai.

s1Le spectacle Stéreoscopia met en scène deux espaces distincts qui sont des échos l’un et l’autre dans une mise en scène rappelant l’écran de cinéma. Troublant effet de miroirs, les deux danseuses effectuent une chorégraphie étrange, presque semblable mais dont le léger décalage ira en s’accentuant progressivement nous causant une impression d’inquiétante étrangeté. La pièce de Vincent Dupont questionne l’espace, le reflet et la thématique du double dans un dispositif scénographique qui évoque tout à la fois la cellule capitonnée, l’aquarium et la prison, mais aussi un espace symbolique et potentiellement spirituel de par son rapport à la symétrie et à la géométrie. Des objets simples, formes ovoïdes ou bien boule noire et dense comme un avatar mélancolique interviennent dans l’espace scénique, lévitant tels des formes primordiales et mystiques.

Le son au casque en stéréo donne au spectateur une sensation d’intimité avec ce qui est présenté sur scène, tout en accentuant la subtile différence entre les mouvements spéculaires des deux danseuses, la musique venant souligner et prolonger leurs gestes.

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Les interprètes entrent en résonance dans cet espace intermédiaire en effectuant des reptations reptiliennes qui bousculent la perception du corps. Il y a quelque chose de clinique et morbide chez ces personnages étranges, aux visages d’abord occultés, puis simplement vêtus de tuniques évoquant le costume d’hôpital ou une expérience science-fictionnelle. Le son se fait grondement sourd comme annonciateur d’orage, puis chuchotement impérieux, et enfin rythme pulsatile. Ces modifications sont accentuées par l’usage de la lumière qui débute avec des éclairs stroboscopiques pour se muer en une  stridence colorée. Les couleurs varient d’un blanc froid évoquant la mort à des contrastes colorés violents, passant du rouge au vert en renforçant la tension de ces personnages aux gestes qui se répondent tels la rémanence d’une même silhouette évoluant dans deux réalités parallèles .

Stéréoscopia de Vincent Dupont, danse de Ariane Guitton et Aline Landreau, musique de Maxime Fabre, lumière d’Arnaud Lavisse. Présenté lors du festival Agitato au Triangle le mercredi 1er juin 2016 à 17h30 et 20h30.

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