Le physicien spécialiste des ondes gravitationnelles Thibault Damour s’est allié au dessinateur Mathieu Burniat pour proposer une vision illustrée de la physique quantique où l’on suit les aventures de Bob et son chien Rick, deux aventuriers déterminés à comprendre la nature de l’atome. Et si le réel n’était qu’une illusion ?

Bob et Rick, couple arborant faux-airs de Tintin et Milou s’attellent à une enquête de fond aux dimensions quasiment métaphysiques : il s’agit de comprendre la nature de la matière et de savoir si la lumière se comporte comme une onde ou une particule. La BD explique les concepts clés pas à pas avec des exemples concrets, comme par exemple la couleur des braises d’un feu qui ressort de phénomènes quantiques.

Le dessinateur nous fait comprendre des idées complexes (même si tout n’est pas évident à suivre) à l’aide de métaphores, morceaux de sucre pour expliquer les niveaux d’énergie d’oscillateurs, ou encore des ondes sur une rivière pour illustrer les probabilités.

 L’atome, loin d’être une sorte de Lego microscopique ou de planète dont l’électron jouerait le rôle d’un satellite en rotation autour du noyau, ressemblerait plutôt à un flou de positions déterminées par des probabilités.

Le scénario onirique de l’album permet à nos héros de rencontrer les physiciens à l’origine des travaux sur la physique quantique tels que Max Planck, Louis de Broglie, Einstein et bien sûr le célèbre Schrödinger qui rééditera sa célèbre expérience à l’aide du courageux chien Rick qui prendra la place du chat dans la boîte. On assiste à leurs débats, doutes, accords et désaccords. Pour les physiciens ces découvertes sur le monde étrange des particules sont un changement de paradigme, une révolution aussi grande que pour les Grecs de prendre conscience de la rotation de la Terre, bien réelle sans être toutefois perceptible à notre échelle.

La physique quantique semble ne pouvoir témoigner du réel que sous forme d’équations. La BD permet de symboliser et de vulgariser les idées de physiciens pour expliquer ce qu’elles impliquent à un niveau microscopique mais aussi dans notre vie quotidienne. Thibault Damour insiste sur le fait que les effets des phénomènes quantiques sont visibles dans notre monde macroscopique, que ce soit dans la couleur des flammes d’un feu de bois, ou dans le fonctionnement d’un téléphone portable.

« Est-il possible que le regard d’une souris puisse changer considérablement l’univers ? »

 De façon plus troublante, le réel serait constitué d’une infinie superposition de mondes multiples constituant d’innombrables réalités parallèles dont on ne percevrait qu’une partie, celle qui constitue notre environnement. C’est là que la BD est la plus passionnante, lorsqu’elle mêle réflexions philosophiques, science et image en nous amenant à des questionnements qui donnent le tournis. Comme Bob qui sue à grosses gouttes en écoutant les physiciens lui expliquer leurs travaux et leurs interrogations, on est émerveillés par ces découvertes qui surpassent tous les scénarios de science-fiction.

Thibault Damour parle de l’album sur France Culture :

Vous pourriez aimer

Magasin général de Loisel et Tripp, le dernier tome de la série Fabien Toulmé – Ce n’est pas toi que j’attendais Berceuse pour ma mère, de Julian Herbert