Deux concerts rassemblaient à l’UBU la semaine dernière la crème du rock rennais des années 80. Devant un parterre de quarantenaires aux yeux d’ados émerveillés, Dominic Sonic’s ouvrait les festivités jeudi, suivi du premier concert des Nus avec leur nouvel album samedi. Des charmantes rides en plus, quelques cheveux en moins, mais des silhouettes classes et habitées, toujours en symbiose avec leur musique de cœur.
Nous allons vous parler d’un temps que les moins de 20 ans… peuvent toujours connaître tant il imprègne encore un pan de l’histoire actuelle du rock rennais et national (voire notamment le documentaire Des jeunes gens modernes) et surtout tant les acteurs officient toujours dans les salles de concerts et estaminets locaux. Un temps, à partir de la fin des années soixante-dix, début des années quatre-vingt, qui raconte une histoire de potes, de zique, de déglingue, une époque où des minots aux gueules d’ange à crêtes assènent des riffs de guitare rageurs sur scène et fondent des groupes punk rock cultes : Kalashnikov, Marquis de Sade, Marc Seberg, Frakture, Les Nus… À leur tête : Philippe Pascal, Franck Darcel, Christian Dargelos, Tonio Marinescu, Frédéric Renaud, Dominic Sonic’s autant de noms qui ont gravé au fer rouge de la révolte les aficionados du rock. Aujourd’hui, la musique toujours chevillée au cerveau et aux boots, Tonio Marinescu joue dans le Gil Riot & Blood Washed Band, Franck Darcel a fondé Républik, les Nus reviennent sur le devant de la scène et Dominique Sonic’s en concert ce jeudi a sorti son 5e album Vanités en octobre 2015. Le chanteur guitariste à la silhouette longiligne, au sourire taquin, et à l’extrême bienveillance (mot qu’il n’est pas fortuit d’utiliser en ce moment) se produit à la maison devant des visages familiers, dans une salle aux murs encore imprégnés des cris de guitares d’antan. Accompagné du bassiste Patrick Sourimant, du batteur Romain Baousson, du guitariste Franck Hamel des Bikini Machine, il déroule de nouveaux titres (« Dad »), des anciens morceaux(« La loi des pauvres gens ») et des reprises et taquine le public un peu mou comme tétanisé (à moins que ce ne soit l’arthrose)(plaisanterie, un quarantenaire rennais pur jus de houblon, demeure forcément en pleine forme)…
Même ambiance, peut-être encore davantage mâtinée d’émotion, voire de dévotion samedi soir dans l’enceinte de l’UBU. Pas rien, un concert des Nus attendu depuis 25 ans (après l’échec de l’album éponyme qui marquera les esprits à tel point que Noir Désir reprendra le cultissime « Johnny Colère » en 1992 sur l’album Tostaky), forcément ce long désir coupe les jambes et déclenche des loupiottes dans les yeux de ces adultes en plein revival. Mais attention, pas de nostalgie sclérosante. Les Nuss version 2016 accordent leur guitare au présent. S’ils reviennent (après une courte reformation à l’occasion du trente-cinquième anniversaire des Transmusicales), leur album, produit par Étienne Daho comporte trois chansons communes avec le premier disque : »Johnny Colère », « L’étrange vie » et « Le mime hurlant », et huit nouveaux titres. Des membres originels restent Rémy Hubert aux claviers, Alain Richard à la batterie et Christian Dargelos au chant ; Pierre Corneau(Marc Séberg) à la basse et Goulven Hamel (Santa Cruz) complètent la formation. L’ombre de Frédéric Renaud décédé en 2013 plane évidemment sur la prestation. Des titres qui s’enchaînent avec classe et complicité. Une histoire de potes de toujours, de regards, de sourires, d’instruments au diapason. Les Nus entérinent avec brio leur retour. Johnny Colère be good tonight.
Tout bon Mademoiselle Karine!!! De belles chroniques sans flagorneries.
Continuez ,en noir et blanc, à décrire les couleurs du présent.
Merci beaucoup pour ces lignes qui ajoutent de la couleur supplémentaire à cette journée ensoleillée. Bonne route à vous tous !