L’Avenir, un film de Mia Hansen-Løve, avec Isabelle Huppert où l’on parle de Rousseau, de Pascal, de Schopenhauer, de phalanstère révolutionnaire dans le Vercors, de divorce et de fin de vie douloureuse.
En tant que sous-directeur adjoint de l’équipe d’astrologues pseudo-assermentés qui bossent (bénévolement) pour la gloire de l’Imprimerie Nocturne, pouvais-je réellement faire autre chose que me précipiter toute affaire cessante pour aller voir L’Avenir ?
Isabelle Huppert, fait partie, avec Fanny Ardant, Nathalie Baye, Christine Deneuve, Juliette Binoche, Sandrine Bonnaire, Yolande Moreau, Marion Cotillard, Cécile de France et quelques autres astres, de ces grandes dames qui à elles seules semblent en mesure de faire rayonner un film. Incarner, donner chair, corps et âme à un personnage de fiction qui devient dès lors une excroissance évidente (et quasi nécessaire) du réel, telle est la magie dont ces actrices sont capables.
Ici, Nathalie / Isabelle Huppert est une prof de philo, un petit peu vieux jeu sans doute – mais certainement parce que les jeux anciens ne sont pas tous bons à être jetés avec l’eau du bain de la nouveauté. La raison semble être sa raison d’être – et, qui plus est, d’être bien. Face à l’adversité, elle garde la tête froide. Son job, ses élèves, sa famille, sa mère, son chat, peuvent lui donner du fil à retordre, elle ne perd pas le fil de sa droite pensée. Les contrariétés sont même pour elle l’occasion d’exercer son stoïcisme, et de relire Emmanuel Levinas (1906 – 1995), notamment Difficile Liberté.
Nathalie est apte à garder le cap, même quand son téléphone qui capte que dalle la contraint à s’égarer dans les vasières de notre délicieux littoral breton.
Prendre les choses comme elles viennent, avec une once de discernement, une pincée de dévouement, une dose de relâchement, le tout saupoudré d’un efficace détachement, tel est le credo de Nathalie.
L’avenir, comme le dit si bien le titre en anglais, ce ne sont ni plus ni moins que des choses qui arrivent – Things to come.
