ICAR sans E, pour Itinérance Contemporaine d’Artistes Raconteurs. Comprenez une aventure de conteurs, devant revisiter le mythe de Thésée. Le spectacle faisait halte à Mythos au théâtre du Vieux-Saint-Étienne le vendredi 22 avril. Cinq récits qui mènent le public en bateau pour le perdre dans un labyrinthe.
C’est une aventure initiée par la maison du conte de Chevilly-Larue, le Strapontin à Pont-Scorff et le Centre de Productions des Paroles contemporaines; accompagner 5 conteurs devant s’emparer du mythe de Thésée. La belle affaire. Sur scène, Cécile Delhommeau, Pierre-Jean Étienne, François Lavallée, Élodie Mora et Nidal Quannari. Tel Icare, se brûleront-ils les ailes dans cette épopée verbale ?
Tout commence par une histoire de labyrinthe dans un journal, remplaçant la traditionnelle grille du sudoku. Échec et impasse, vous finissez par vous y perdre et ne pas en sortir. Qu’en pensera donc votre père à qui vous devez ensuite passer le journal ? Le labyrinthe finalement, ce sera celui de vos propres angoisses, avant de visiter votre propre corps, et revenir sous la forme d’une gomme. Oui oui, une gomme; le public sait prendre des risques.
Après ce récit introspectif, un passage amusant, où l’on s’interrogera grandement sur les potentielles causes de l’abandon d’Ariane sur une île déserte. Ariane, vous voyez, la fille de Minos. Minos ? Le minotaure ? Pierre-Jean Étienne tente de nous faire perdre le fil de nos connaissances mythologiques, avant de nous faire comprendre que c’est la faute de Dionysos si Thésée, le fils d’Égée qui se suicide, abandonne lâchement Ariane endormie sur l’île sous un tas de couvertures. Ce sera ensuite au tour d’une jeune Athénienne censée être sacrifiée au minotaure que le public embarquera dans la cale de la galère en compagnie de Cécile Delhommeau. Enfin ça c’est juste avant que François Lavallée ne se perde en colonie de vacances, un fil à la patte dans les sous-bois et pris par des angoisses nocturnes. Vous suivez toujours ? Vous êtes perdus ? Reprenons le fil.
ICAR ce sont donc cinq récits qui suivent le mythe de Thésée, interrompu parfois par le l’humour ou de la poésie. Des interrogations également. Beaucoup d’interrogations. Quand devient-on un homme ? Que fait la société de ses propres monstres ? Que fait-on de celui qui sommeille en chacun de nous ? C’est sur une partie beaucoup plus grave que s’achève ICAR avec le récit d’Élodie Mora, à partir du minotaure lui-même cette fois-ci. Son abandon, et le rapport de l’homme à la nature, mentionnant au passage la performance Coyote de Joseph Beuys. Le mythe n’existe pas sans son monstre, le héros non plus. Une aventure à cinq voix renouvelant le conte, le travaillant au corps, avec ou sans tête de taureau, avec ou sans gomme. Mais en suivant le fil de l’écriture.