Le photographe-reporteur argentin Jeremias Gonzales vit à Rennes. Depuis deux ans, il se rend régulièrement à Calais. Deux années dans l’enfer d’une jungle qui porte bien son nom. En résulte une remarquable exposition-témoignage immersive Perdus dans les limbes visible au Carré d’Art de Chartres-de-Bretagne jusqu’au 16 avril.
Des hommes, des femmes, des enfants en exil à Calais dans l’attente d’un monde meilleur de l’autre côté de la Manche. Ici Maku a quitté l’Erythrée pour fuir la répression militaire, là Moner regard tourné vers l’horizon attend la nuit vers une nouvelle tentative d’atteindre enfin le bout du tunnel. À travers l’exposition Perdus dans les limbes, les images in situ de Jeremias Gonzales redonnent des noms, une identité ou encore une histoire à des populations parquées dans un no-man’s-land, construit en partie sur une ex-décharge. En une quarantaine de clichés en noir et blanc, le photographe dessine les contours intimes et documentés, sans misérabilisme ni pathos, d’une lutte permanente pour survivre. À rebours du traitement médiatique et politique hostile et délétère.
« Être partout rejeté, parfois emprisonné. Pour la plupart d’entre nous cela ressemble à un cauchemar. Pour eux, c’est l’enfer d’un quotidien bien réel, la quête éternelle d’un paradis perdu. »
Au-delà de la qualité esthétique remarquable des images du photographe, le réalisme singulier des portraits remue les consciences. Le travail sur la profondeur de champ souligne l’intimité des gestes et l’isolement des silhouettes tandis que les plans rapprochés décuplent l’humanité des regards. Fragments de vie quotidienne : brume d’un Ferry en partance pour l’Angleterre, repas partagé à plusieurs, amas de tentes perdu dans un horizon bouché. Et des mouettes, un feu dans un tonneau, une partie de cartes, pesanteur du temps qui passe. Pour compléter l’immersion, la visite s’accompagne d’un parcours sonore de dix minutes entre courtes interviews-témoignages, (notamment de Christian Salomé président de l’association L’auberge des Migrants), musiques traditionnelles ou encore chants sur l’exode du peuple syrien. Des images, des corps, des sons… bribes de lumière au purgatoire.
À Rennes, toujours par le biais d’Utopia56, les bénévoles de On est du pays de Rennes et on agit effectuent des collectes régulières acheminées à Calais et Grande-Synthe (besoin en lessive et produits d’hygiène : brosses à dents, dentifrices, savons et serviettes de bain). De plus, des demandeurs d’asile calaisiens résident à Rennes depuis 3 semaines. L’association les accompagne au quotidien et recherche des vélos afin qu’ils puissent se déplacer plus facilement et profiter un peu de notre sympathique région sous influence bourgeons printaniers. N’hésitez pas à les aider, les soutenir, leur offrir un café-discussion, une galette-partage, un bout de main tendue (voire les deux mains), un sourire-chaleur, un billet pour un match de foot, une partie de pêche au bord de la Vilaine (une partie de foot au bord du vilain si vous voulez aussi)… bref à dérouler taille XXL la liste des initiatives breizh-solidaires.
Contacts
Utopia 56 : utopia56.asso@gmail.com
On est du pays de Rennes et on agit : Collectes à l’Hôtel Pasteur, 2 place Pasteur, 35 000 Rennes, les mardis et jeudis de 12h à 14h et de 18h30 à 19h30.