Suite armoricaine, de Pascale Breton

Suite armoricaine : un film de Pascale Breton avec Rennes comme personnage principal.

 

La province dans ce qu’elle a de plus mystérieux. De plus attachant. De plus profond et de plus moderne. Françoise (Valérie Dréville) n’aime plus Paris. Elle revient à Rennes, où elle fut étudiante. Mais désormais, c’est elle qui prodigue des cours, soigneusement préparés, à des étudiants de Rennes 2 qui, demain, rejoindront la prestigieuse élite des sciences humaines.

Suite-armoricaine_Ion-Lydie
Ion (Kaou Langoët) aurait-il des vues sur Lydie (Manon Evenat), qui n’y voit goutte, mais sait qu’il a l’odeur de la fleur de châtaignier ?

Suite armoricaine a ainsi pour décor cette bonne ville de Rennes. Et en particulier son campus, sa vaste bibliothèque universitaire (où Ion / Kaou Langoët, étudiant boursier en proie à de vraies difficultés, trouve refuge), son self (où l’on se raconte ses rêves, en langue bretonne), ses archives, ses salles de cours sous-équipées, ses amphithéâtres bondés, ses archives, son administration… Ce long-métrage fait ainsi la part belle à des endroits familiers, vivants : l’avenue du Président John-Fitzgerald Kennedy, la rue Saint-Louis, les prairies Saint-Martin, la rue Saint-Michel, la place de la Mairie, la salle de la Cité, la rue de Brest, les Horizons, les quais, le musée des Beaux-Arts… autant de lieux où l’on se croise, où les destins s’enchevêtrent, où les reconnaissances et les amours se tissent, où les coïncidences se multiplient – et ce, aussi bien dans la mise en scène de cette œuvre de fiction que dans la vraie vie.

Rennes est une ville étudiante, où la culture est érigée en divinité du quotidien. On y parle de concerts mythiques, d’expositions d’œuvres intemporelles, de conférences érudites, de recherches et de thèses audacieuses. Alors, quoi de plus naturel si cette Suite armoricaine, troublante par sa proximité immédiate, de plain-pied avec une réalité tangible, reconnaissable, nous parle aussi d’Héraclite ou de Nicolas Poussin et pousse même le bon goût à insérer dans sa bande-originale un morceau de Robert Wyatt ?

« L’énigme est peut-être la seule langue à même de dire le réel. »

« L’énigme est peut-être la seule langue à même de dire le réel », confie Françoise à son ami bibliothécaire. Françoise dans des tableaux anciens, dans des rencontres, dans des souvenirs et même via des ruptures, cherche des clés pour savoir qui elle est. Et par-là même, cette Suite armoricaine nous donne à voir qui nous sommes. Du cinéma local de cette qualité, on en redemande !


Suite armoricaine, film français de Pascale Breton – Avec Valérie Dréville, Elina Löwensohn, Kaou Langoët, Manon Evenat, Christelle Kerdavid, Klet Beyer – Musique d’Eric Duchamp – Durée : 2h28 – Prix Boccalino et Fipresci au festival de Locarno – Sortie le 9 mars 2016.

Envie de réagir ?

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>