L’homme irrationnel de Woody Allen : une comédie sur l’ironie du karma et les imperfections toujours possibles des crimes parfaits.
Professeur de philosophie à la réputation sulfureuse (la rumeur veut qu’il soit sorti, au mépris de toute déontologie, avec des étudiantes), Abe Lucas (Joaquim Phoenix), ancien humanitaire revenu de tout, taquine la flasque de vieux whisky, avant, après et entre deux cours. D’où la bedaine peut-être. Imprégné de single malt et de théories de maîtres à penser incontournables (Husserl, Sartre, Kierkegaard, Kant, Dostoïevski, Hannah Arendt…) auxquels il ne se fie plus, Abe broie du noir, la libido en berne, désenchanté. Posture de séducteur ténébreux ? Déprime post-traumatique ? Choix éthique nihiliste ? Toujours est-il que des aventures amoureuses et un goût subit pour redresser les torts vont le requinquer – voire le propulser un peu trop haut puisque des idées radicales, cristallisées dans un projet de meurtre, vont dorénavant occuper ses pensées.
A-t-on le droit de tuer un individu pour améliorer le sort de l’humanité ? Dans quelle mesure est-il possible de passer à l’action pour éliminer un problème – et la personne qui en serait à la source ? Qu’advient-il de notre humanité lorsqu’on s’assoit sur une bonne part de notre moralité ? Quid de nos élans de vie lorsque nous nous octroyons le droit de descendre notre prochain ? Rendre la justice soi-même est-il une garantie d’impartialité ? Connaître le bien et le mal empêche-t-il de franchir les frontières qui les séparent ? Suffit-il d’avoir lu Nietzsche pour être un surhomme ? Peut-on résoudre ses propres problèmes existentiels en fomentant la disparition d’autrui ?
Cogitations homicides sur le campus et passions déconseillées entre mentor blasé et élèves fascinées occupent le premier plan de cet énième opus (le 48e) du grand Woody, bientôt octogénaire, mais toujours aussi à l’aise pour décortiquer les rapports sociaux des classes moyennes supérieures américaines. Plein de malice et d’esprit, Woody aborde ici avec L’homme irrationnel le thème du libertinage en milieu universitaire et celui du sens – pas toujours absurde – de nos très terrestres existences. À l’Imprimerie, nous lui en savons gré – le sens de la vie valant bien quelques moments d’intense réflexion.
L’homme irrationnel (Irrational man) – Comédie américaine de Woody Allen – Avec Joaquim Phoenix, Emma Stone – Durée : 1h37 – Sortie le 14 octobre 2015.
Pas le meilleur Woody Allen, mais un très bon moment quand même.
J’en parle ici ! http://mademoiselleestcommetoutlemonde.blogspot.fr/2015/11/cinema-lhomme-irrationnel-woddy-allen.html
Bonjour Mademoisellequiestcommetoutlemonde et merci de votre visite !
Hé oui, Mademoisellequiestcommetoutlemonde, un très bon moment et un Allen bien ficelé qui nous réserve une chute finale de toute beauté :)