Les Communardes. Une nouvelle série signée Lupano au scénar… Chôme pas l’gamin… 44 ans et seulement sur l’année 2015 sont parus Un océan d’amour (1 tome), Les Vieux Fourneaux (2 tomes parus, plus 1 à paraitre en novembre) et Traquemage… Et donc, c’est sans compter la nouvelle série consacrée aux communardes. 3 tomes sont prévus. Les deux premiers sont sortis en septembre. Le dernier est prévu pour janvier 2016.
Pour cette série, il décide de collaborer chaque fois avec un dessinateur différent. Mais toujours de faire la part belle aux femmes durant la merveilleuse et tragique histoire de la Commune. La série paraît chez Vent d’Ouest.
Annonçons tout clair… la Commune, déjà, c’est l’épisode fantasmagorique par excellence que finalement personne ne connaît… précisons, pour bien commencer, que notre chère République n’a pas cru bon de nous en narrer les événements… on passe vite… vous vous rappelez, vous, d’avoir entendu quoi que ce soit, en cours, sur cette épopée pleine d’espoir qui finit pourtant dans un bain de sang épouvantable… sous le sabre et le canon des Versaillais qui constituèrent, ensuite, la fameuse 3e République… belle base… Jamais, niet… foutrement jamais entendu parler quand on était sur les bancs et les chaises des écoles, collèges et autres lycées.
Pas tant de textes que cela non plus… quelques pépites à lire en revanche, comme le journal de Maxime Vuillaume, un des fondateurs du Père Duchêne (un journal créé par trois étudiants pendant la Commune en hommage au Père Duchêne de Hébert tiré pendant la Révolution française un siècle plus tôt). Son journal, à ce Maxime Vuillaume, qu’il intitula Mes cahiers rouges au temps de la Commune, est du plus grand intérêt, puisque non seulement il fut un des acteurs de cet épisode, mais il mena aussi ensuite, après que la 3e République prononça la grâce pour tous les communards, un véritable travail de recherche pour ne pas écrire de la merde… en gros.
Bref, pas tant de sources ou de textes, mais quelques-uns quand même. Et ce qu’on retrouve, partout, c’est que les femmes étaient les premières à vouloir monter sur les barricades, se battre sur les fronts, et les premières à crier « Vive la Commune ». Vous connaissez déjà certainement Louise Michel… je passe alors…
Malgré cela, les femmes sont restées à l’arrière-plan de l’histoire… et il a fallu tout le grabuge, le conservatisme, la brutalité et la connerie du 20esiècle pour que les femmes puissent enfin espérer un semblant de reconnaissance. C’est dire à quel point la Commune semble n’avoir finalement servi à rien. On a voulu l’effacer des esprits. Vraiment.
Et Lupano s’est dit, en scénariste de talent qui plus est, que non… pas moyen… il entame alors une série consacrée aux femmes durant la Commune. Belle aventure. Belle entreprise.
Deux BD qui redonnent la part belle aux femmes
Il commence avec un premier tome (dessins : Lucy Mazel), Les éléphants rouges, qui part de cette fameuse histoire des animaux du zoo de Paris, tués puis mangés pendant le siège… cause famine… et l’histoire de cette gamine qui soigne les éléphants… qui s’y attache… et qui s’imagine déjà, comme Hannibal, grimper sur leur dos pour défendre la capitale et la Commune… « on m’appellera la dame aux éléphants ».
Le deuxième tome, paru en même temps (dessins : Anthony Jean) est consacré à l’histoire, véritable, d’Elisabeth Dmitrieff, une belle aristocrate russe, proche de Marx, qui participa à la Commune… et pas comme chargée de presse… mais à la couture, cantinière, comme les plus courageuses et les plus enragées aussi… revolver… un style d’enfer à la Jane Fonda dans Cat Ballou… voyez le genre.
Et, comme je disais, on attend le 3e tome pour janvier.
Une belle série à suivre. Qui revisite d’une jolie manière la Commune… et qui redonne la part belle aux femmes… comme elles le méritent… elles ont malheureusement été bien oubliées des grands récits historiques.
Lisez les deux premiers tomes… et pour conseil… de manière générale, lisez ce que fait Lupano, c’est toujours bon.
Communardes, Les éléphants rouges, Wilfrid Lupano et Lucy Mazel, Vent d’Ouest, septembre 2015.
Communardes, L’aristocrate fantôme, Wilfrid Lupano et Anthony Jean, Vent d’Ouest, septembre 2015.
