Le groupe suisse Puts Marie, fortement apprécié lors de son passage aux dernières TransMusicales, avait sorti un premier Ep, Masoch. Puis un Masoch II; les deux sont aujourd’hui réunis pour un album complet de 12 titres. L’art d’être borderline, et d’en faire profiter les autres.

Encensés un peu partout, le quintet Puts Marie mérite bien son succès; avec son premier Ep paru courant 2013 où chaque titre avait été lentement dégusté par les auditeurs, un peu restés sur leur faim, le groupe en seulement quelques titres avait réussi à installer une ambiance, un univers suffisamment personnel pour se démarquer du lot. La délicatesse trouble de « Pornstar » a placé la barre, non pas celle du clip pour se déhancher, la barre musicale, bien haut. Une tension palpable pour « Obituaries », une envolée sourde et majestueuse pour « Lost soul ». Il y avait donc six titres qui attendaient depuis deux ans d’être rejoints par six autres.

Et c’est chez le très bon label Yotanka que ça se passe. Masoch II démarre directement dans un noise digne d’un brouillard à couper au couteau, un vrombissement de « Mob kisses » qui illustre une pratique parfois dangereuse : la rupture en plein titre, pour planer dans l’atmosphère sur de longs accords étendus. Une fois les nuages atteints, le groupe ne cesse de jouer avec la tentation de l’orage. Et celui-ci arrive avec « Hecho en Mexico », son introduction tambour battant de basse et de batterie; ballade rythmique qui joue sur les oscillations de la guitare, portant la voix claire, à la limite de l’éraillement, mais toujours expressive de Max Usata. Une voix qui monte dans les aigus, et qui constitue une bonne partie de la marque de fabrique de Puts Marie. Et si cette voix semble emmener parfois le groupe vers un rock alternatif (d’où de justes comparaisons avec dEUS) tendance pop, les compositions n’hésitent pas non plus à embarquer l’auditeur dans des sphères encore plus électrisées (« Sugar run »). Des ambiances variées, des vapeurs de vieux cigarés échappées d’un bordel ou la poussière d’une route abandonnée, Puts Marie signe un Masoch II aussi délicieusement torturé que le premier. Un disque à déguster enveloppé·e dans une fourrure vintage.

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