Un été ciné sous le signe de la bannière étoilée…

Les States et leurs facettes… Dans Umrika, l’Amérique est le but à atteindre. Dans American Ultra, l’Amérique est la cible des critiques. Dans Le Petit Prince, les USA sont le lieu de production.

 

Umrika, drame indien de Prashant Nair.

Ah ! L’Inde ! Ô contrée exotique s’il en est ! Qui n’a jamais rêvé d’y voyager ? Dans Umrika, on plonge dans cette Inde rurale et populaire en suivant les pas de jeunes villageois, (Ramakant, son frère aîné, et Lalu) qui projettent quant à eux de fuir l’Inde et s’exiler aux USA. Pour y faire fortune évidemment. L’émigration économique est un thème indémodable. Qui vit sur un continent considère souvent que l’herbe sera plus verte sur un autre, la vie plus facile et les aventures plus formidables et fabuleuses. Qui part pour un autre continent acquiert, auprès de ceux qu’il laisse derrière lui, une aura sans pareille. Encore faudra-t-il trouver les bons passeurs pour atteindre l’autre rive… Umrika explore ainsi ces quêtes de l’ailleurs mythique, si souvent si difficile d’accès, dont on ne connaît que des clichés et des reportages parus dans des magazines pas toujours très objectifs. S’expatrier a un coût élevé. S’éloigner de ses racines, de son cocon, de son village natal, n’est pas si simple. La famille de Ramakant, aussi solidaire qu’aimante, va en faire la cuisante et très émouvante expérience : le rêve américain est un moteur pour aller de l’avant, certes, mais c’est un moteur capricieux.

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Les habitants de Jivatpur en route pour l’Amérique.

American ultra, comédie d’action américaine de Nima Nourizadeh.

C’est l’histoire de Mike Howell, un agent de la CIA « endormi » qui végète en Virginie de l’Ouest, dans un petit bled paumé de l’Amérique profonde donc. Mike (Jesse Eisenberg) est caissier d’une supérette, sujet à maintes phobies et consommateurs de moult produits prohibés. Sa petite amie, Phoebe (Kristen Stewart), l’accompagne amoureusement et veille sur lui. Tout ce train-train est bousculé évidemment – sinon il n’y aurait pas de film d’action mais seulement une charmante comédie sentimentale – lorsque, inopinément « réactivé » à l’occasion d’une guéguerre entre cadres de la CIA, Mike est « réveillé », récupérant dès lors d’étonnantes aptitudes de combattant surentraîné. Le contraste entre les deux facettes de Mike, maladroit roi de la défonce et créateur de bandes dessinées psychédéliques durant ses mornes heures de boulot d’un côté et ninja quasi invulnérable de l’autre, est réellement très poilant. Qu’un loser de sa trempe puisse mettre en échec la prestigieuse Agence centrale de renseignement américaine ne manque pas de sel. Si la CIA est épinglée dans ce long-métrage (qui offre la possibilité de retrouver Jesse Eisenberg, l’acteur-phare de The social Network, le film sorti il y a une poignée d’années sur les débuts de Mark Zuckerberg), les médias en prennent aussi pour leur grade. Et les seconds rôles sont gratinés : les Américains qu’on croise ici ont bien l’air d’être tous de fieffés tarés. Ça flingue donc à tout-va, ça esquive, ça bombarde, ça intoxique, ça ruse, ça s’émeut, ça envoie des drones en mission punitive, ça empoisonne, ça strangule et ça coagule au niveau des écorchures qui s’accumulent. Et au milieu de tout cet improbable fatras digne d’une joyeuse série Z, l’amour entre Mike et Phoebe s’épanouit comme une rose rare. Une fois n’est pas coutume, romance et violence font ici bon ménage. Reconnaissons que les Américains sont doués dans ces deux disciplines fondamentales au cinéma.

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Mike (Jesse Eisenberg, à dr.) en pleine conversation avec son dealer de feux d’artifices et de mushrooms…
 

Le Petit prince, film d’animation américain de Mark Osborne.

Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry (1943) fait partie du patrimoine culturel de tout un chacun (c’est l’œuvre littéraire la plus traduite). Qui s’y frotte est forcément attendu au tournant. Mark Osborne réussit haut la main le pari de moderniser cette œuvre. Loin de la trahir, il l’enrichit. Animations artisanales bellement chiadées en papier ou bricolées photographiées image par image et animation actuelle à la sauce Dreamworks alternent et rythment cette ode pleine de poésie. La rose, le renard, les planètes étranges où poussent des baobabs, l’aviateur, le serpent qui a avalé un éléphant, tout y est. Et l’ensemble est mis en relief à travers les aventures d’une petite fille, que sa mère promet à un riche avenir grégaire, studieux et très cadré, mais dont l’attention est captée en pleine période de révisions par un vieux voisin loufoque qui construit un aéroplane dans le jardin de son petit pavillon biscornu. Ce vieil homme (avec la voix pénétrante et chaleureuse d’André Dussolier) va aider la petite fille à développer son imagination au-delà des murs ternes de sa maison géométrique. Si dans cette version, il s’avère que le vieil aviateur a des soucis de sociabilisation et avec la police, que le Petit Prince, soucieux de s’intégrer dans une société désenchantée, est devenu un agent d’entretien ramoneur zélé bossant tard le soir sur les toits des gratte-ciel d’une mégalopole états-unienne, il n’en demeure pas moins que, plantées ou non de baobabs, libres là-haut, les étoiles, amers étincelants pour les rêveurs, continuent de briller.

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Transmission des savoirs et des lubies…

Umrika, drame indien de Prashant Nair – Prix du public au festival de Sundance – Avec Smita Tambe, Suraj Sharma et Tony Revolori – Durée : 1h38 – Sortie le 29 juillet.

American ultra, comédie d’action américaine de Nima Nourizadeh – Avec Jesse Eisenberg, Kristen Stewart – Durée : 1h36 – Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs – Sortie le 19 août.

Le petit prince, film d’animation américain de Mark Osborne – Durée : 1h46 – Sortie le 29 juillet 2015.

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