Jeudi 23 avril, deuxième volet de la Check Da Vibe. Le public est moins nombreux; la faute aux vacances scolaires, ou au succès de Phases cachées deux jours plus tôt ? Malgré l’annulation de Pand’or, les artistes présents ont assuré la scène.
« J’écris du spleen et du sang laissé sur les grillages de la sncf »
C’est Enerku qui commence le concert, alors qu’il sort en indépendant son premier projet Clair Obscur. Un flow, une rapidité, une technique qui lui ont valu de se voir vainqueur de deux épisodes des End of the weak en 2014. Un sens de l’improvisation qui lui vaut une mise à l’épreuve par Keevrat; contrat réussi avant qu’il soit rejoint par le trio d’Artisanal pour « Les tontons flingués ». Le titre « Renaissance » sur une prod de Skribe : aussi propre que suicidaire. Ce qui n’est pas si grave, car Enerku est un très « mauvais comédien ».
« Pur produit de cette époque »
La Fab’ (anciennement La Fabrique) fonctionne toujours en duo, Nos et Alexel, attendus pour chauffer l’ambiance; en ayant abandonné des sons plus classiques pour leur dernier opus Déviances, le groupe a misé sur un aspect plus léger, plus festif. Une sorte de beuverie organisée par une rue d’la soif qui serait noyée sous un énorme beat et un épais nuage de weed. Le son fait bouger le public, le set se poursuit jusqu’au featuring avec James Lega (qui vient de sortir un EP, Mahalo) sur « Le Parfum ». Un changement esthétique qui n’enlève rien au fonctionnement choc du duo.
« Alors ayez le cri qui débloquera vos gueules, tu sais qu’à trop la fermer, on finit en homme seul »
Même s’il devait se produire initialement avec Pand’or, Le Bon Nob assurera, seul avec « sa bouche », et ReZo derrière les platines. Et c’est une petite claque textuelle que se prend la salle du 4bis. Le emcee, qui annonce son premier album pour octobre (mais qui sort également un autre projet intitulé Yépa début juin), a commencé sa notoriété sur Youtube avec des séries de freestyle, numérotés, de 1 à 35. Un de plus, et ça collait pas au niveau du département pour sa première venue à Rennes; car Le Bon Nob vient de Paris, mais qu’importe, du moment qu’il s’agit de « respect ». L’artiste respecte ce que son esprit lui dicte, aborde divers sujets avec lucidité mais espérance, voire bienveillance, sur l’écriture, la violence, le rap game et la soupe qu’on peut servir; celui dont le sourire est plus grand quand il dit merci captive l’auditoire l’a largement partagé.
« Une dernière rime, et j’épouse ta femme »
Le meilleur rappeur sur la lune qui dépasse quand même les 5 000 vues sur Youtube, ce que « Les gens ne savent pas » forcément, Pepso Stavinsky, suit son parcours, cette fois-ci avec le projet Les Hérétiques concocté avec ReZo (qui est donc toujours derrière les platines si vous avez suivi). Un duo renommé Rezinsky qui a travaillé son set pour le live. Et ça marche. Pepso joue les acteurs désabusés, une sorte de mélange entre Patrick Dewaere et Charles Denner qui aurait abusé de l’apéritif et de parties fines, invitant à goûter la luxure sur « Caligula » et rêvant de s’envoler avec Les Hirondelles. Avec force d’accessoires du type podium pour gesticuler façon « Cesare et Borgia » ou prendre un moment de pause pour parler d’une « Jolie môme », le rappeur sert une mise en scène cohérente avec le propos, aidé de ReZo qui prend parfois le micro ou trinque avec plaisir. Un projet dont nous reparlerons début juin, date de sortie prévue. Le concert se poursuit jusqu’à l’intervention de Safirius, pour un duo inédit du projet, mais également une reprise du désormais incontournable « Nasty », suivi de « Bridging the gap ».
