À l’Aire Libre, les Résidents d’Emmanuelle Hiron sont vivants

Il y a des regards qui ne s’oublient pas, ceux qui vous font face, face caméra. Ces regards-là, ce sont ceux des vieux et des vieilles qu’Emmanuelle Hiron, auteure et comédienne en résidence à L’Aire Libre, a filmés pendant un an et demi à l’Ephad de Vezin-le-Coquet. De ces observations en ressort un texte simple et fort, s’inspirant à la fois des écrits de Jean Maisondieu et de l’expérience professionnelle de la gériatre Laure Jouatel. Une pièce unique présentée au festival Mythos.

 

Les-Résidents

Le dispositif est simple. Un grand écran posé à même le sol, trois chaises empilées sur le côté. Apparaissent à l’écran, en préambule, quelques extraits tirés des ouvrages du psychiatre Jean Maisondieu (L’idole et l’abject et Crépuscule de la raison) suivis d’une première séquence filmée à l’Ephad. On y découvre ses résidents, des personnes âgées atteintes de démence. On en oublie la scène. Vient alors s’asseoir une jeune femme. Elle attend. La séquence se termine, elle prend la parole, celle d’une gériatre. L’occasion de comprendre un peu mieux le fonctionnement d’un service de gériatrie mais surtout de s’interroger sur notre propre rapport à la vieillesse et à la mort. Et c’est là tout l’enjeu.

 

« L’espérance de vie augmente, le risque de rentrer dans la démence aussi. Notre société prône la jeunesse comme seule valeur valable, voire acceptable. Que faisons-nous de cette contradiction ? Ce travail autour de la vieillesse, de la dépendance, de la démence et de la mise en institution ne vise pas à donner une, voire des réponses, mais à se poser la question collective de notre rapport à la mort et de ses conséquences. À (re)mettre aussi au centre de l’attention les vieux [...]. À parler d’eux, de leur vie. »

 

Parce que oui, un Ephad, ça n’est ni un mouroir ni un hôpital. C’est un lieu de vie où l’on tente de pallier les souffrances physiques et morales de ses habitants. Avec cette envie et cet espoir de leur offrir une meilleure qualité de vie. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Comment souhaitons-nous vivre notre vieillesse alors que nous faisons tout pour ignorer l’inéluctable ? Ces questions entêtantes, les résidents de l’Ephad, le texte d’Emmanuelle Hiron, nous les posent sans fioriture, sans tabou pendant plus d’une heure sans jamais verser dans le pathos. Parce que ce n’est pas tragique de vieillir et de mourir, c’est normal. C’est humain.

Les-Résidents-2

La pièce se finit sur un tonnerre d’applaudissements avec cette impression, trop rare, d’avoir vécu, partagé un moment simple et beau.

Les Résidents se joue encore le jeudi 9 et vendredi 10 avril, à 20h30, à L’Aire Libre

Une création : L’Unijambiste - De et avec : Emmanuelle Hiron - Assistée de Nicolas Petisoff - Collaboration artistique : David Gauchard - Création lumière : Benoît Brochard

Et si vous souhaitez aller plus loin, une interview fleuve et passionnante d’Emmanuelle Hiron, menée par Alter1nfo : ici.

 

 

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