Vendredi 3 avril. L’Antipode est complet. Normal, le concert annonce Jeru The Damaja et The Beatnuts en tête d’affiche. Le festival Dooinit démarré trois jours plus tôt continue sa mission hip-hop à Rennes : proposer des événements variés et une programmation éclectique et riche.
S’il y a quelques chose de remarquable dans le festival Dooinit, c’est tout d’abord sa variété de propositions, dans les événements, mais également dans ses esthétiques. Ensuite, c’est de rassembler à Rennes, avec une programmation de qualité, différentes générations, et de montrer que le hip-hop fédère autant ceux qui sont nés en 1975 qu’en 1995. C’est justement à cette dernière génération qu’appartient HDBeenDope qui ouvre la soirée. Reconnu dès son premier album Since 1994, qui sort alors qu’il n’a que 17 ans, comme un emcee prometteur, il est dans la catégorie des petits génies qui manient le micro avec talent pour glisser habilement sur des prods variées. Une dose de trap, des références glissées ici et là, des ruptures maitrisées, une basse qui marque, coups de feu avec « What’s Yo High », et surtout coup de maître pour son dernier album paru le mois dernier, The Greay(t)Area.
C’est avec mystère et surtout masqués que The Black Opera montent sur scène. Duo de emcees originaires de Detroit, les rappeurs privilégient la mise en scène; avec un nom pareil, il fallait s’attendre à quelques samples de l’art lyrique, mais aussi d’une utilisation de costumes. Chemise africaine, veste de l’armée ou simple paire de lunettes noires, la prestation du groupe est surprenante, nous embarquant dans des univers inattendus, mais réussissant à largement chauffer le public avec des titres comme « Rich like you » ou « Talking revolution ». Une expérience hip-hop qui n’est pas vécue souvent.
La salle est évidemment survoltée quand Jeru The Damaja entre sur scène avec son Dj. De ses débuts avec Gang Starr, ses collaborations avec Dj Premier jusqu’à son récent EP « The Hammer », le emcee n’a jamais cessé de casser le micro sur des productions qui fleurent bon les 90′s. Plus de vingt ans de carrière, et de l’humour pour interpeller ceux qui ne lèveraient pas le bras quand il est de bon ton de le faire. Plus d’une heure de son pour réchauffer l’ambiance, qui devient carrément survoltée pour The Beatnuts. Plus énergiques, le concert part en vrille, en pogo, en danse, en transe, et surtout en transpiration. Après un « could you be loved » pour lequel le public s’est transformé en chorale, le concert se clôture a capella sur le célèbre « Watch Out Now ». À ceux qui n’ont pas pu venir, nous ne mentirons pas pour vous consoler : ce concert fait dire big up à Dooinit, et vivement l’édition prochaine.