La Calache / David Perrot : rencontre avec Z

David Perrot, comédien et metteur en scène, défend depuis un moment un personnage Z. En sont nés deux spectacles, Les Histoires de Z et Le Testament de Z. Rencontre avec ce personnage qui se produira à Rennes en mars et avril.


■ Bonjour ! Pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu rapidement présenter ton parcours, et celui de ton association La Calache ?

David-Perrot-ZJe suis comédien depuis maintenant 5 ans, je mets aussi en scène depuis 5 ans. Alice, deception, chaines, Les Histoires et le Testament de Z. Je fais aussi des ateliers et je suis sur le projet Ruy Blas au Mans. On est d’ailleurs en résidence à l’instant. Je travaille aussi sur le festival Les Jeunes Poussent et j’ai publié avec  » Les agités du bocage » un livre objet Love 2.0 que je vais monter en mai.

L’association la Calache met en avant les créations jeunes, et surtout deux adages « Si vous n’avez pas le droit de faire quelque chose, prenez-le » et « Si vous n’allez pas au théâtre, le théâtre ira à vous ». Des maximes qui me dirigent dans mes pièces et dans mes désirs de créations. On fait des ateliers aussi, on a fait 3 expériences d’events avec La Nuit Des Arts, de bons moments en soi.

■ Tu travailles aujourd’hui sur la diffusion de 2 spectacles, Les Histoires de Z et Le Testament de Z; qui est-ce, ce Z, comment est né ce personnage ?

Qui est Z ? C’est une bonne question. On ne sait pas vraiment ce qu’il est. Je le décris comme une partie du cœur désabusée, il est cynique, acerbe, cru, critique, orgueilleux, mais il est surtout très triste. il se cache derrière les Histoires de mecs qui se prostituent, d’un militaire qui lui raconte sa vie. Ensuite il faut bien mettre en avant qu’il ne juge pas, il expose une réalité c’est tout. Après, et ce toujours en buvant beaucoup de vin, en restant « propre » sur lui, très soigné, il met en place un zapping français, le mariage pour tous, les intermittents, le désespoir des relations amoureuses, la Coupe du monde, les relations internationales. Il fait face à son propre désespoir vis-à-vis de ce monde qu’il ne comprend plus, qu’il ne connaît pas. Encore dans cette fuite, il le prend le haut. il est perdu. La solution est vite trouvée, il se suicide. Enfin c’est ce qu’il laisse croire. Il offre ensuite un testament en vidéo au public, où on découvre les désirs passés de ce inconnu. Après il y aura une troisième partie, en film probablement où on découvre pourquoi il est si triste et qui il était avant de s’exiler aussi bien physiquement que mentalement. C’est un dandy alcoolo en gros. Sage et irrité.

Le personnage est né de moi, c’est un exutoire, il fallait que je vide mon fiel quelque part, alors ça a été au théâtre, et puis ça me permet de raconter des choses qui me tiennent à cœur, je crains pour l’avenir de ce pays, ça se couvre, il y a deux mois Charlie hebdo se fait massacrer, unité nationale, et là on voit 33% d’intention de vote pour le Front national, les gens sont-ils tous devenus fou ? Z me permet de hurler à pleins poumons contre ces conneries que je ne supporte plus et qui m’empêchent de vivre vraiment.

« Le théâtre a cette magie de mettre des couleurs et des formes sur ce que l’œil ne sait pas voir »

■ Le spectacle est un seul en scène; quelles sont les difficultés à monter ce genre de projet ?

Le travail est intense, car il faut se rendre à l’évidence que tu es vraiment à poil, tout seul, pendant 90 minutes. J’ai été bien dirigé par Alban Gutierrez André et plus dernièrement j’ai eu le plaisir d’avoir le regard extérieur d’un autre ami. j’ai aussi une équipe formidable pour la vidéo, Lucie, Hugo, Baptiste, Dimitri, sans qui ce projet n’existe pas.
Sur scène je vais vivre la vie de Z en 90 minutes, il faut être intense, et en même temps rester simple et calme, sans partir dans un one-man-show imbuvable.
Les projets tels que Z après sont pour moi un vrai plaisir, et comme il est joué dans des petites salles, bars, etc., j’ai l’impression de retrouver un public, des histoires, de voir et de sentir des réactions qui sont, par essence, invisibles. Le théâtre a cette magie de mettre des couleurs et des formes sur ce que l’œil ne sait pas voir, ou ne veut pas voir.
Difficile dans l’écriture et dans la recherche de témoignages pour Les histoires, plus simple pour Le testament, les médias mâchent le travail. Après je veux faire rire et en même temps dévoiler des réalités qu’on élude trop vite aujourd’hui, il faut savoir trouver le bon dosage. Encore une foi, mes partenaires de crimes me sont d’un grand renfort.

■ Il y a eu un gros travail de recherche et de réécriture pour Les Histoires de Z; le texte sera publié aux Éditions Goater courant 2015 sous le nom La rancœur de l’inconnu. S’agira-t-il d’un recueil de nouvelles ou d’un texte de théâtre ?

affiche-zLe nom à changé ! On l’appelle Les Mystères de Z. Il sera publié aux éditions Goater, on a d’ailleurs lancé un projet ProArti (collecte de fonds sur Internet). Le projet sera bientôt en ligne.
En fait il y aura toutes les lettres (Antoine, Louis et Émile pour les Escort boys ainsi que celles du militaires), Le testament de Z dans sa version fixée (le texte change un peu selon l’actualité) ainsi qu’une nouvelle « Le Jour du Départ » qui en dit un peu plus sur le personnage de Z.
L’intérêt du livre est qu’on a codé les textes. EN effet avec un processus de décryptage (expliqué en pointillé dans les écrits) le lecteur pourra ressortir des textes, trois autres textes, qui en disent encore un peu plus sur Z. Une sorte de livre à plusieurs sens de lecture, qui colle avec le spectacle, où Z lui, cache beaucoup de choses entre ses maux, ses mots. Nous voulons inviter les gens à lire entre les lignes et surtout à ne plus avoir peur des mots. Là encore, notre monde nous pousse à la crainte de nos propres langues, mais comme dans ce film Nymphomaniac, il est dit « Les mots font partie du langage, quand on interdit l’utilisation d’un mot, on enlève une pierre à la démocratie ». Les gens s’interdisent des mots par convention, par peur ou par pseudo-bienséance; le résultat est juste qu’on s’éloigne de la réalité. Moi je veux continuer à écrire, à dire ce que je pense, tous les mots, les maux, la réalité je l’aime trop.

■ Ton dernier coup de cœur théâtral ?

Mon dernier coup de cœur ? Oh je n’ai pas trop le temps d’aller au théâtre, mais des extraits de Un chapeau de paille en Italie (avec le fameux Niney) sont sur le net et ça dépote. Je prendrai du temps à mon retour du Mans pour aller voir certaines pièces, j’aime le travail de certain(e)s à Rennes et j’attends leurs retours. Les concernés se reconnaîtront.

 

Les Histoires et Le Testament de Z sur scène

Le 16 mars - Festival K-Barré Rennes 2 

Le 16 avril – Le Papier Timbré à 20h

 

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