À seulement 28 ans, Shai Maestro a su s’imposer parmi les grands du jazz. Pianiste inventif dont la musique en trio a déjà une forte identité, le musicien sera en concert à Rennes pour Jazz à l’Étage. L’occasion de jeter un œil à son parcours.

Comme la plupart des jazzmen qui atteignent la scène internationale, Shai Maestro a commencé la musique très tôt. Formation classique, puis découverte du jazz, mais également apprentissage de la tabla. Une ouverture qui explique sûrement les nombreux métissages présents dans ses compositions. Né en Israël et résident à Brooklyn, le pianiste travaille dès 2006 avec… Avishai Cohen. Une collaboration qui se ressentira dans ses deux albums. Il participe ainsi avec le contrebassiste à une nouvelle teinte du jazz, un soupçon des boucles répétitives à la Esbjorn Svensson Trio, des apports de musiques traditionnelles, et de nombreux aspects percussifs.

Après un disque avec le saxophoniste Yuval Cohen en 2009, Songs without words, il travaille ensuite avec Jorge Roeder (contrebasse) et Ziv Ravitz (batterie) pour faire paraitre un premier album éponyme en 2012. En ressortent des mélodies traditionnelles qui pourraient presque se danser, un univers qui oscille entre un jazz libéré, facilement accessible, un grand travail rythmique, un jeu avec les codes du classique et une recherche de sonorités qui invitent au voyage. Et, comme Ulysse, c’est bien le voyage et non le but qui l’intéresse, comme il l’explique à propos de l’enregistrement de son deuxième album, The Road to Ithaca.

Salué par la critique et reconnu par ses pairs, le disque présente 11 titres qui, au piano, convoquent l’esprit de Debussy (« Let sound be sound »), la nostalgie de la musique Klezmer, les boucles lancinantes orientales, et parfois une explosion harmonique et rythmique comme sur « Paradox ». Shai Maestro, qui laisse la part belle aux deux autres membres du groupe, bien plus que de simples accompagnateurs, sait donner le vertige, puis nous laisser suspendus dans le vide avant de ré-attaquer la note. Un jazz qui sait flirter habilement avec des ambiances plutôt pop, mais qui prend tout son esprit jazz avec la large place laissée aux improvisations sur scène.