Et le vainqueur est : « Perdants Magnifiques » de Sameer Ahmad

L’échiquier musical est immense, on le sait tous. Tous avancent leurs pions. Certains le font dans la précipitation, d’autres en calculant beaucoup trop longtemps. Il y a ceux qui veulent tout rafler et ceux que ça ne dérange pas de tout perdre. C’est même inévitable. C’est comme ça que Sameer Ahmad avance. Avec Perdants Magnifiques, il a marqué de son empreinte l’année 2014 et le début de 2015. Retour sur un album pas comme les autres.

« J’ai fait comme l’écriture, je suis parti de Bagdad. »

Donnie Brasko, Nas, Dewaere, Sinatra, Drago, Barabbas… Leurs points communs ? Faire partie des Perdants magnifiques de Sameer Ahmad. Déjà auteur d’un très bon EP intitulé « Ne mourez jamais seul » et mis au devant de la scène avec « Mon Polo » avec un sample des X-Men, Ahmad repart de plus belle en concrétisant un album rafraichissant.

ahmad-perdants-magnifiquesUne pluie de références faisant des analogies entre le parcours du rappeur montpelliérain d’origine irakienne et celui de chacune de ces personnalités, qu’elles soient fictives ou réelles. On pourrait s’y perdre… et bien détrompez-vous car on s’y retrouve ! L’art du « name-dropping » qu’on appelle ça. Et avec Ahmad, c’est triplement efficace ! L’introduction de l’album commence par une séquence du film Donnie Brasko. Mais si ! Vous savez (attention spoil), Donnie c’est ce flic joué par Johnny Depp qui part en mission d’infiltration chez des mafieux et qui se lie peu à peu d’amitié avec son ennemi de départ pour finalement virer de bord. C’est l’esprit de cet album, sa marque de fabrique ou pour être plus politique que la moyenne : la carte d’identité de P.M (Perdants Magnifiques).

« Je me rachète une conduite et je m’endors au volant. »

Au-delà de la culture dévorante de Sameer Ahmad (pour l’anecdote, il a fait des études de cinéma), évoquons l’écriture du rappeur. Ce que j’aime, c’est comprendre ce que j’écoute. Loin des flows rapides où on se tire la bourre pour savoir qui est le meilleur, ici c’est plutôt faire mouche pour briser le silence. Exemple : « Les erreurs coûtent cher, je le comprends en me rachetant. » Je vais peut-être en faire rire certains, mais ça me fait penser à Kaaris dans l’impact, avec un flow plus glissant, moins saccadé (of course). Sameer Ahmad arrive néanmoins à se détacher de ce qui se fait actuellement niveau rap. Adepte des punchlines imagées (« Regarde le ciel : t’hallucineras. J’ai pris la lune pour m’asseoir, le soleil comme allume-cigare ») faisant le lien avec son état d’esprit et sa spontanéité.

Côté production, il y a du monde ! Et pourtant quelle cohérence ! Je crois que c’est assez rare pour le souligner, mais chaque morceau apporte sa pierre à l’artifice. De l’intimisme et lancinant « F451″ (James Lega), au rock nerveux et saturé (et excellent au passage) de « Barabbas » (Mr Ogz), en passant par les sonorités entraînantes (coup de cœur) de « Siwak » (Nabil Ifourah), il existe une véritable relation entre les sons, l’atmosphère, le personnage et l’écriture. Et on en ressent l’impact ! On retrouve également Pumashan, Skeez’Up, Meyso et Lartizan. Du beau monde en somme. Au niveau des collaborations, on peut rajouter Minuit (Youssef & Yocko) sur Perdants Magnifiques, un groupe que je ne connaissais pas et s’inscrit dans la même veine, apportant une boule d’énergie et une dynamique différente.

Perdants Magnifiques, c’est aussi un roman des années 60 du grand Léonard Cohen. J’apprends qu’il écrivait avant de se lancer dans la musique. Comme quoi… C’est un peu comme ça tout au long de l’écoute de P.M. La sensation d’en découvrir un peu plus à chaque écoute, la curiosité qui s’amorce. L’impression de voyager et de découvrir d’autres terres, c’est aussi ça la musique ! Enjoy !

« L’important c’est pas la chute, c’est la terre d’accueil. »

 

 Le site d’Ahmad

Perdants Magnifiques – Un album de 10 titres d’Ahmad – Sortie le 10 Décembre 2014 chez Bad cop bad cop - Enregistré au studio L’Oustalos Hermanos – Voix additionnelles par Incredible Polo sur morceau 8 – Arrangements guitare par Nabil sur morceau 4

2 comments

  1. Merci pour le S/O cc. James Lega ;)
    Excellente chronique d’un excellent album.
    Philippe,
    Co-fondateur de Couvre x Chefs.

    • Marie /

      Merci pour votre retour Philippe. Excellent album en effet, c’est le moins que l’on puisse dire.

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