Compositeur prolifique aux collaborations multiples (Psykick Lyrikah, Laetitia Sheriff, Dominique A ou encore des projets de théâtre), le guitariste Olivier Mellano l’a joué en solitaire l’an passé avec la sortie de son disque MellaNoisEscape. Présenté aux dernières TransMusicales ainsi qu’au Jardin Moderne, il sera possible de le re-découvrir en concert à Rennes le 21 février. L’occasion de quelques questions.
- MellaNoisEscape, c’est une coupure voulue avec les nombreux projets collaboratifs, une manière de se retrouver dans la composition ?
Cela fait maintenant une dizaine d’années que j’ai décidé d’orienter l’essentiel de mon travail vers la composition avec « La Chair des Anges » puis « How we tried… » (Naive Classique) et même auparavant j’ai toujours travaillé sur mes projets personnels parallèlement aux diverses collaborations.
MellaNoisEscape est plutôt né d’une envie de prendre le contrepied de projets un peu gigantesques comme « How we tried… » et du monde du théâtre dans lequel j’ai beaucoup travaillé ces dernières années pour retrouver la simplicité, la légèreté, l’urgence et les décibels. C’est aussi un endroit où je me retrouve seul et où je contrôle tout.
- Il y a beaucoup d’influences noise, tu assumes d’ailleurs totalement celle de Blonde Redhead; c’est venu quand et comment cet amour pour ce groupe ?
J’ai découvert Blonde Redhead en 1999, ils faisaient alors quelques-unes des premières parties de Dominique A avec qui je jouais à l’époque. Je me revois arriver dans la salle de l’ancien Bikini à Toulouse pendant leurs balances et me souviens de m’être retrouvé face à une forme d’évidence. Ce mélange d’harmonies baroques et d’énergie électrique était exactement ce que j’avais envie d’entendre, cela croisait beaucoup de mes préoccupations musicales.
Quand Misery is a butterfly est sorti ça a été un vrai choc, je tiens ce disque pour un des chefs-d’œuvres de la pop. Même leurs albums suivants moins évidents aux premières écoutes révèlent des trésors si on insiste un peu. Chacun de leurs albums travaille une couleur différente et affirme toujours plus leur singularité.
Je suis très heureux d’ouvrir pour eux le 1er mars prochain à La Rochelle.
« L’idée était d’aller jouer devant des gens qui ne franchiraient pas la porte d’une salle de concert. »
- Pour les dernières TransMusicales tu as organisé un Mellanoise tour en camion (15 concerts en 3 jours un peu partout dans Rennes); ça s’est passé comment ce challenge ? As-tu une anecdote particulière à raconter ?
C’était harassant et grisant à la fois. Un bon exercice d’humilité où tu te confrontes à l’indifférence des gens mais aussi la jubilation de voir comment un espace public peut prendre vie différemment en quelques minutes, comment des gens qui passaient juste par là peuvent se faire embarquer et être pris avec d’autres dans un même mouvement. Tout ça était très fort.
L’idée était d’aller jouer devant des gens qui ne franchiraient pas la porte d’une salle de concert.
Parmi les nombreuses images qui restent, cette dame de 84 ans sur le marché des Lices qui te dit qu’elle a été attirée de loin par le son, qu’elle s’est approchée et puis qu’elle est heureuse d’avoir vu ça avant de mourir, cet animateur d’NRJ qui après être revenu sur plusieurs concerts te dit qu’il vient de réaliser qu’il écoutait de la merde à longueur de journée, cet enfant de 8 ans qui bassine son père pour revenir sur le concert suivant, puis sur le suivant…
- Dans une interview donnée à Alter1fo en 2014, tu parlais d’un deuxième livre à venir pour 2015.. ça en est où ?
Je travaille sur ce livre dans le temps qui n’est pas occupé par la musique autant dire donc que je n’avance pas vite. Par ailleurs que je suis très lent en ce qui concerne l’écriture et je passe plus de temps à enlever qu’à ajouter, plus je travaille plus le livre rétrécit. Il est aujourd’hui terminé aux deux tiers et j’espère l’avoir terminé l’été prochain, mais contrairement aux projets musicaux je ne me donne pas de deadline pour l’écriture, c’est un endroit où j’aime me retrouver qui correspond à de précieux moments de calme.
- Le 21 février, tu joues à La Cité en compagnie de Bed et Purée dure; peux-tu nous présenter la soirée ?
Bed est le projet de Benoît Burello, un des plus grands musiciens que je connaisse, un artiste rare et précieux. J’ai la chance de travailler régulièrement avec lui depuis une vingtaine d’années même si depuis dix ans Bed était en sommeil. Suite à la proposition de 1ère partie de Lambchop à la Gaité Lyrique le mois dernier, Benoît à décidé de remonter une formule trio avec moi et le batteur Thierry Chompré. Nous jouerons des morceaux des 3 albums et des inédits.
Purée Dure est un duo composé du saxophoniste Daniel Paboeuf et du guitariste Pierre Fablet qui construit des tapis hypnotiques à l’aide de nombreux électrophones trafiqués. Je les avais invités il y a longtemps lors d’une carte blanche, peut-être un de leurs premiers concerts sous ce nom, je suis impatient d’entendre comment cela a évolué. Ils seront rejoints par le vidéaste Thierry Salvert.
La salle de la Cité sera reconfigurée pour l’occasion en version cabaret, il y aura à manger, ça devrait être très convivial.
- Quel serait ton dernier coup de cœur musical ?
J’ai beaucoup écouté les derniers albums des Swans qui sont également sur scène un des groupes les plus impressionnants que j’ai pu voir.
Dans un style très différent le magnifique album du groupe norvégien The White Birch « The weight of sun » qui sort ces jours-ci.