Cela fait longtemps qu’il y travaille. Casta du groupe Micronologie sort (enfin) ce mois-ci son projet Multiple. 20 titres aux facettes éclectiques.
Depuis la sortie de son dernier album, le groupe Micronologie continue sur sa lancée, avec un concert le 28 février dans le cadre d’Urbaines, en solo avec le projet de Safirius Darjeeling speech, et voici maintenant le projet de Casta. 20 titres, c’est ambitieux. C’est dense. Trop ? L’amateur de rap ne pourra pas en tout cas lui reprocher de n’avoir pas touché à tout.
L’album s’ouvre sur « Aléas multiples » et une production aérienne d’Atom (C2C); le flow, la voix, qui se glisse dans le son, les années d’expérience paient. Celui qui défend l’idée de pouvoir être heureux après des années de galère sert un propos simple, lucide et positif, navigue entre les rimes pour basculer ensuite sur un son plus soul, claps et cuivres à l’appui. S’ensuivent alors de nombreuses productions qui n’ont aucune la même teinte, que ce soit l’influence du old-school (les habitués reconnaitront la patte de RezO sur « Nouvel homme » en featuring avec Micronologie) ou des univers puisant dans l’actuelle trap music (« Années lumière »). Casta n’a pas froid aux yeux pour passer du coq à l’âne, et colle au titre du disque : Multiple. Influences multiples, visages multiples, collaborations multiples, voire inattendues comme avec le guitariste des Monty Picon, regards multiples et sons multiples. Certains rejetteront d’emblée les esthétiques qui ne vont pas à leurs oreilles, et le risque y est en produisant 20 titres aux ambiances variables. Se trouvent quand même présents des moments de bravoure comme jouer à la course de vitesse avec Doc Brrown et A2H sur « Diversité », partir « Gravir des sommets » avec Big Bro, ou assumer le goût d’un « Espoir mélancolique ».
Casta slalome donc, et affiche avec ses propres productions un goût pour les ambiances électroniques, plus minimalistes, plus festives également qui se prêtent mieux au live. Le emcee cherche, avec une voix parfois surprenante et qui s’adapte à différents mondes; l’art de la souplesse. Multiple aurait pu également s’appeler « panorama de Casta », de ses origines gabonaises mélangées à la trap jusqu’à son réseau hip-hop local; un melting-pot sur ce qui peut se faire dans différents courants du rap français aujourd’hui. Difficile donc de trancher sur un panel aussi varié, qui ne mettra pas tout le monde d’accord. Mais la plume est là, et le titre éponyme final de l’album, rappelle sur une belle prod de Clem Beatz’ que la vie est à choix multiples; alors pourquoi devrait-on cocher une seule case ?