Blind Digital Citizen a fait sa rentrée avec un nouvel Ep, Ravi, qui livre des textes et un visuel troublants : l’Imprimerie est partie à leur rencontre. Décryptage de Ravi et d’une certaine vision de la société actuelle.
- Bonjour les Blind Digital Citizen, merci d’avoir accepté l’interview. Le morceau « Ravi » et sa vidéo sont saisissants, votre musique est très intense et la vidéo sombre et troublante ! Vous avez travaillé à la conception de la vidéo ?
Merci à toi, et contents que ça t’ait saisi ! Oui, la vidéo a été pensée, réalisée, tournée, montée, pondue par nos soins. François a profité de ses vacances loin de la meute pour tourner des images et nous montrer un premier montage. Et ils l’ont remonté ensuite lui et Florent. Un travail d’équipe.
- Vos vidéos, votre site internet et l’illustration de votre dernier Ep ont un visuel fort, conceptuel : qu’est-ce qui vous a inspirés pour ces visuels ?
L’essence visuelle du groupe vient des individualités de certains (illustrateur, vidéaste, réalisateurs). On a toujours énormément évoqué ce que racontait visuellement la musique, c’est aussi parfois notre seule manière de communiquer entre nous. Ça donne forcément une identité forte, qui représente notre imaginaire collectif vu de l’intérieur, nos visions.
Il n’y a cependant rien de conceptuel, c’est au contraire très illustratif, presque premier degré. Sur le premier EP, tu avais un paysage avec un bateau échoué, sur le second un enfant en flammes, sur le dernier une femme et une route. À chaque fois ça illustre les chansons, sans que ça fasse appelle à des concepts. Ce sont des interprétations.
Pour les visuels des disques, c’est Jean, qui s’en occupe. C’est son dessin qui nous représente à ce niveau, de même que les vidéos en live. On en parle facilement, on n’est pas toujours d’accord mais c’est ouvert et simple, sûrement plus qu’avec un type qui ne ferait pas partie du groupe.
- Dans la vidéo de « Ravi », il est question d’une humanité animale, auto-destructrice et décadente : vous avez perdu tout espoir en l’humanité ?
Pas du tout, au contraire. L’espoir est un sentiment très présent dans notre musique, finalement. Dans une expression assez violente et sombre, et c’est peut-être un peu déroutant, ça peut donner une impression désespérée. C’est paradoxal, et tu peux voir ça comme un cri d’espoir. Dans War c’est assez évident, et ce sera aussi le cas dans notre album. L’espoir à avoir quant à la survie de l’espèce s’exprime pas pareil que l’espoir que la nana du bar d’hier te rappelle. Il y a une dimension d’urgence dans notre espoir. Dans le vidéo de « Ravi », ça s’exprime aussi. Tu peux interpréter la mise en parallèle de plans de routes, de nature, d’animaux paisibles ou morts, de gens qui dansent en se marrant et de mecs qui gerbent de plein de manières.
- Votre morceau « Ravi » m’a fait penser à Koudlam, par son électro cold wave et cette atmosphère apocalyptique, c’est l’une de vos influences ?
C’est un artiste que certains d’entre nous aiment beaucoup et on a pas mal écouté « Goodbye ». Après ce n’est pas une influence commune, mais oui, il y a aussi dans Koudlam cet espoir violent qui peut nous toucher.
- Vos deux derniers Ep livrent une électro extrêmement sombre voire mélancolique ; j’ai vu que vous préparez un album pour 2015 : il se terminera sur une note d’espoir ?
C’est vrai que les deux derniers EP sont plutôt sombres, la chanson « Enfant flamme » a une vraie dimension mélancolique. Mais ça ne représente pas forcément les chansons de l’album. Il y aura des voyages en 6740, des voyages intérieurs, des parachutes mais il sera aussi question de viol et de mort. Tout se terminera bien avec un banquet comme dans Astérix.
- Vous décrivez votre musique comme de la « variante » : qu’est-ce que c’est ?
Ce serait comme de la variété déviante. On fait aussi de la mogwump de la dense music et de la cool wave !
- Je m’intéresse de près aux chansons francophones, je vais donc vous poser quelques questions à ce sujet. Depuis votre premier Ep vous chantez en français : ça a été un choix évident pour vous ?
Oui, c’est naturel. Après certains passages de nos chansons sont en anglais, et on s’interdit pas de faire des chansons dans n’importe quelle langue, mais le français est logiquement prédominant.
- Quelles sont vos influences en chansons francophones ?
Il y en a énormément. Comme tout le monde, Gainsbourg/Bashung/Christophe, mais aussi Areski-Fontaine, Manset, Deux, Taxi Girl, Daniel Darc, Balavoine, la cold wave belge des 80′s, Mary Mööre…
- Vous avez des artistes ou groupes favoris dans les scènes musicales francophones actuelles ?
On aime beaucoup BAGARRE, Grand Blanc, Caandides, Moodoïd, La Femme, Inigo Montoya, Encore!, Orval Carlos Sibelius, Frànçois et les Atlas, Judah Warsky et on en oublie. Il se passe plein de choses en ce moment, il y a plein de super groupes francophones !
- Vous avez des envies de collaborations ?
On aimerait un de ces jours collaborer avec Rone, qu’on a déjà remixé, qui nous soutient pas mal, et dont on adore le travail. C’est prévu dans le futur. On aurait aussi envie de collaborer avec des rappeurs américains, une chanteuse avec une voix dingue, ou des flûtistes péruviens, on le fera aussi quand on pourra !
- Pour conclure l’interview, dites-nous où est-ce qu’on pourra vous voir prochainement, vous avez des dates de prévues à Rennes ?
C’est pas encore acté, mais ça devrait arriver au printemps ou à l’automne !