5 ans depuis leur dernier album Art Rythme Éthique, Le trio de emcees rennais de Micronologie a su faire mariner son public. L’attente dans les éprouvettes de Tubes à essais en valait-elle le coup ? Réponse avec ces Équations Verbales.
5 ans d’attente, 5 ans qui ont été mis à profit, le groupe n’ayant jamais arrêté d’occuper une scène quand il le pouvait, et menant aussi divers projets qui ont portés leur fruits : un album de K. Oni avec Rezo, Reflexions, un projet solo pour Safirius programmé aux TransMusiscales 2014 avec Darjeling Speech, et le projet Multiple de Casta prévu pour début 2015.
« J’ai pas d’bagages, bouge au bout des cieux, au fond des yeux quelques valises car la nuit j’pars en voyage »
5 ans pour peaufiner leurs plumes et leur flow, et en arriver aujourd’hui à ces 13 titres. Alors quelle préparation chimique ont-ils utilisé cette fois-ci ? Tout d’abord, une multiplicité de producteurs qui font osciller le disque entre hip-hop actuel et old school; une interrogation qui transpire sur « Au-delà du numérique ». La couleur est annoncée dès le premier titre « Waitin for the dawn » : une bonne dose d’énergie, un son résolument moderne et des scratches servis par Dj Sambal sur tout l’album. Et c’est le rennais Dj Marrrtin sur « Tu nous as pas vu venir ». Ouais, on vous as pas vu venir dans le « rap jeu » avec ce nouvel album qui sitôt écouté se relance sans problème. Parce que les phases frappent fort, ceux dont il parait que la mort est au bout de leurs plumes ont réussi à affiner le propos et à marteler le texte sans hésitation. Plus percutant, plus efficace.
Les collaborations, au-delà de celles avec les producteurs ou dj qui vont de Rezo à Soulsquare, sont aussi celles avec des rappeurs comme Pepso Stavinsky ou les emcees d’Oligarshiit pour le titre qui donne son nom à l’album; un peu chaloupé, un peu festif, parfait pour introduire le langoureux « Smoke 7 life ». Puis il y a aussi les surprises comme K-Oni qui délivre une belle composition pour « Les trottoirs de la ville ». Un tapis rouge pour les deux premiers couplets servis par Casta et Safirius qui manient désormais l’allitération comme un samouraï manie son sabre. Une ambiance nostalgique qui tranche avec le titre suivant, dont certains se souviennent avoir déjà entendu des morceaux sur scène. Apparemment les femmes « Cougar » ont traumatisé le trio, et la rime sait s’y faire humoristique (allergiques au 4ème degré s’abstenir). Bref Micronologie fait son « putain d’truc » et ça fonctionne. Les titres jonglent de manière risquée dans des esthétiques différentes, mais la détermination du son et des mots abattent cette disparité, qui au lieu d’être une faiblesse devient un atout. Le public n’a pas attendu pour rien, et devrait être aujourd’hui fier de ceux qui, sans qu’on les ait vus venir, viennent d’écrire un nouveau théorème du rap rennais.
Un album qui vaut vraiment le coup ! En une soirée j’ai du le sécher 3 fois, j’ai pas été déçu de l’attente, vraiment. (meme si c’est vrai que j’attends pas depuis 5 ans comme les vrais de vrais aha)
En tout cas je le recommande chaudement, n’hésitez pas une seconde !