Julián Herbert, chez 13e Note. Auteur mexicain. Il a rejoint la liste des auteurs de cette fameuse maison dont je vous ai parlée il y a quelques temps. 13e Note. Aux côtés de Dan Fante, Bukowski, Nelson Algren, William Burroughs Jr… Il a publié Berceuse pour ma mère, roman autobiographique, en 2013. Il y parle de sa mère prostituée. Du lien qu’il entretient avec elle. De son amour pour elle. De son statut d’hijo de puta. Un roman poignant et sincère. Mais je suis ici pour vous parler d’un autre livre, sorti en 2012… Cocaïne, manuel de l’usager.
Titre osé s’il en est. Manuel tout aussi osé, tant sur la forme que sur le fond. Publication en 2012 dans la collection Pulse (pour les petits formats). 96 pages. Court. Efficace. Il dresse un tableau sombre et fiévreux du Mexique. Plusieurs nouvelles se succèdent, des sortes de contes dramatiques, humoristiques, où se mêlent le pathétique, l’âpreté de la dépendance à la cocaïne, le sensationnel. Chaque récit est différent. De portraits en fictions poétiques, en passant par le fameux manuel sur les recommandations et conseils pour l’usager. Ici et là, il doit bien y avoir quelques empruntes autobiographiques. C’est certain. On ne sait pas où, c’est seulement ça.
Un ton vif, mystique, transcendantal, poétique qui caractérise les auteurs sud-américains, mais aussi une âpreté et un humour qui le distinguent.
Il y a une certaine pugnacité dans son écriture. Un entrain incroyable. Ce ton vif et mystique, transcendantal, poétique que peuvent avoir les écrivains sud-américain. Une allure qui les caractérise. Une manière de parler. Chaque pays a ses écrivains. Tout correspond. Et en lisant Julian Herbert, ça ne fait aucun doute, on est au Mexique. Les histoires qu’il conte peuvent nous parler, bien entendu, c’est simplement qu’il y a une odeur et comme un vent chaud et lourd qui s’installe tout à coup, lorsqu’on lit Julián Herbert. On imagine les rues et les gars en chemise ouverte et colorée. On imagine bien aussi l’ambiance urbaine, les bas-fonds malsains, les lignes blanches tracées sur un miroir, les fronts épongés, parce que la sueur coule sous la chaleur pesante et l’attente insupportable de la prise. On imagine. Ça laisse un goût âpre :
« Poète et romancier, Julián est avant tout un conteur d’histoires dont la lecture laisse parfois un goût plus amer encore que la réalité qu’elles dépeignent »
précisent les éditeurs. Il y a aussi l’humour dans ses histoires. Un humour proche du cynisme. Mais qui tire des sourires bien larges, et qui provoque de belles poilades aussi.
Encore un auteur, donc, à découvrir chez 13e Note. Et pas des moindres. Petite précision pour finir : Julián fait partie d’un groupe de rock appelé « Madrastras » (Les belles-mères).
Julián Herbert, Cocaïne, manuel de l’usager, 13e Note, collection Pulse, 96 pages, mai 2012
Julián Herbert, Berceuse pour ma mère, 13e Note, 256 pages, novembre 2013