Le Grand Soufflet, c’est fini. Et encore une fois, nous, spectateurs, avons été embarqués dans des territoires riches et éclectiques où l’accordéon flamboie. Dans cette barque chamarrée, nous avons eu la chance d’accoster ce vendredi 10 octobre dernier, sur les rives d’un royaume imaginaire. Celui du grand accordéoniste lorientais : Meriadec Gouriou. La voix chaude de Rosie Ledet et ses rythmes endiablés d’accordéon accompagnés par son groupe The Zydeco Playboys nous auront ensuite poussés sur les rives de la Louisiane, pour finir par faire escale sur les sets de Dj Ced.
C’est un grand homme. Un très grand même, aux épaules larges, qui entra en scène. Et il en faut pour jouer de ces numéros-là. L’accordéon diatonique arrimé au corps, il souffle un premier morceau tout à la fois puissant et léger. Drôle d’impression. C’est étrange ce que l’on entend là. L’homme ne parle pas et pourtant… Il y a du mot, du verbe, de l’adjectif dans la respiration ample de son accordéon. Meriadec Gouriou est ventriloque. Il fait parler son instrument pour mieux vous emmener dans son pays à lui, rien qu’à lui. Un pays où on y crie, où on y parle un langage pas banal, méconnaissable. Un babil primitif plein d’une retenue subtile et de crispation qui ne demandent qu’à sortir de la gorge. Ça fait échos, ça résonne là, dans le cœur et le ventre. Il enchaîne avec des titres plus rythmés, bien plus rythmés ! Cet homme-orchestre vous ramène à la pesanteur de vos pieds dans des rythmes rock électrisants. Ses cheveux blonds tout en sueur lui tombent sur les yeux tandis que de sa bouche retentit sa voix ample et lourde.
Ça vous gratte les os et la peau. Voilà, vous y êtes. Vous êtes bien arrivés.
Dans un pays sauvage aux côtes venteuses et légendaires. Un pays où on a pas besoin de parler et ça fait du bien.
Rosie Ledet & The Zydeco Playboys
Le voyage reprend, direction la Louisiane, où la sémillante Rosie Ledet nous attendait de pied ferme avec ses quatre hommes du Zydeco Playboys pour nous faire re·découvrir le zarico (ou zydeco en anglais). Ce courant musical alliant blues et rythm’n'blues est né dans les années 30. Le mot « zarico » provient d’un morceau traditionnel intitulé « Zydeco sont pas salé », signifiant « Les haricots sont pas salés ». Peut-être bien, mais ici, ils étaient sacrément pimentés !
Pimentés au rock’n'roll ! Entre solo de guitare folle, batterie déchaînée, ligne de basse tendue et frottoir lessivé (instrument appelé aussi ‘tit fer ou planche à laver), Rosie Ledet et ses accordéons vous réveillaient les nerfs de la danse.
Mais le voyage n’était pas fini. Et, remontant les courant marins, nous nous échouâmes sur les platines de Dj Ced où ses sirènes entonnèrent un set électro pop’n'roll.
Souhaitons bon vent au Grand Soufflet et qu’il nous revienne l’année prochaine avec une nouvelle odyssée à nous raconter !