**C’est plein de curiosité que nous nous sommes rendus en ce mercredi au BD concert Au vent mauvais des The Hyenes dans le cadre du Grand Soufflet. Et on a pris une belle claque !**

Une fois n’est pas coutume, l’ambiance est des plus sages au Grand Soufflet : des chaises ont été installées et l’ambiance ne sera pas à se déhancher. Écouter, lire et regarder seront les maîtres mots de la soirée. Plongés dans le noir, on assiste à un captivant road movie au son d’un bon vieux rock tout aussi sombre que la BD qu’il accompagne. La BD de Rascal et Thierry Murat défile sur le grand écran du fond de la scène, élégamment mise en scène par un montage tandis que les illustres musiciens restent plongés dans le noir. Ça évoque un ciné concert, mais aussi l’opéra ou le cinéma muet.

Abel Mérian, héros de la BD Au vent mauvais, a pour le moins un mauvais karma au jour de sa sortie de prison. Voilà un personnage sombre, perdu, solitaire, désargenté qui revient dans un monde où il ne trouve plus sa place ni ses repères. Par touches, l’appétit de vie revient par la contemplation du ciel ou d’une jeune femme se maquillant dans le RER, sans parvenir à effacer la noirceur de l’humeur du héros, qui accumule les espoirs déçus. Le salut pourrait pourtant venir d’un téléphone rose, seule touche de couleur dans ce monde en noir et blanc, oublié sur la banquette d’un musée par une belle italienne. S’engage alors un road movie à la rencontre de cette inconnue, espoir ténu de mettre fin à une trop longue solitude et aux idées sombres de Mérian, de compter enfin pour quelqu’un. Sur la route de l’Italie, des rencontres apporteront parfois un peu de lumière dans cet univers sombre : un vieux chien, des fantômes, un jeune fugueur et ses biscuits à message… Lumières qui resteront furtives jusqu’au dénouement, où elles s’éteignent pour de bon. Quand ça veut pas, ça veut pas.

L’intégralité de la BD défile sur l’écran. C’est elle la star de la soirée. Les deux anciens de Noir Désir et leurs acolytes restent plongés dans le noir, les yeux rivés sur elle, et l’accompagne de leurs batterie (Denis Barthe), guitares (Jean-Paul Roy, Vincent Bosler), basse (Olivier Mathios), violon (Hervé Toukour) et harmonica (Kiki Graciet). Une musique rock souvent lancinante, parfois violente, en parfaite harmonie avec les états d’âme du héros, elle aussi parfois entrecoupée de surprenantes irruptions de musique classique ou de pop italienne vintage. Et malgré l’obscurité et la BD qui captive, c’est aussi de la très, très bonne musique. Cette bande de copains qui a eu envie de remonter dans une voiture pour courir les routes et les petits concerts comme lors de leurs jeunes années figurent parmi les plus grosses pointures du rock français. Après avoir composé ensemble la bande originale d’Enfermé dehors d’Albert Dupontel, Denis Barthe rencontre Murat, dessinateur de la BD, à la boulangerie de leur village. Murat lui propose de mettre sa BD en musique. Coup de foudre du groupe pour la BD : l’ensemble de la bande son de ce BD concert sera composée en un mois. Murat dira qu’il a l’impression que la musique a toujours été là. Barthes dira que c’est le plus beau compliment qu’on lui ait fait. On le comprend quand on a été témoin de cette osmose parfaite entre la BD et la musique.

Le salut du groupe est empreint d’humilité, et ils invitent le public à leur payer des bières, ce que ce dernier fera dès que le groupe les aura rejoint au bar du Thabor. Là, ils continueront à nous parler de la BD. Nous, on devra leur rappeler que vraiment, ils ont ont fait du très bon boulot.

Le site de The Hyènes
A écouter, le dernier album de The Hyènes : Peace and Loud

Et encore 40 dates à venir dans toute la France, si vous les avez manqués !