Get on up, un biopic de Tate Taylor où l’on croisera et entendra les Rolling Stones, Little Richard, Maceo Parker, Bootsy Collins…
Je voulais voir Mommy de Xavier Dolan en avant-première (un peu par snobisme et découvrir avant tout le monde les chefs-d’œuvre actuels ; un peu parce que se rendre au cinéma est une occupation parfaitement saine, a fortiori quand on s’y rend à bicyclette sous les frimas de l’automne ; un peu parce que j’avais beaucoup apprécié Tom à la ferme et son âpreté, sa rage, son climax vaguement malsain, ses contrastes…). Mais m’y étant pris un chouia à la bourre – et retardé que je fus par un rapide apéro chez mon frère – car oui, les rédacteurs de L’Imprimerie ne sont pas seulement des chroniqueurs émérites et acharnés, ils ont aussi une vie de famille –, il ne restait plus une seule place pour la séance convoitée. Alors je me suis rabattu sur un biopic (co-produit par un certain Mike Jagger) évoquant la carrière incroyable de Mister Dynamite, du Pape du Funk, de ce petit négrillon miraculé né mort-né au fin fond de la Caroline du Sud à une époque où la ségrégation raciale connaissait encore de beaux jours, de ce génie charismatique de la soul – The Godfather of Soul, rien que ça ! –, de cette bête de scène inégalable qui aura notablement inspiré Mickael Jackson ou Prince et marqué de son empreinte et de son énergie les scènes du monde entier : James Brown (Chadwick Boseman) à qui Tate Taylor redonne vie !
Une enfance vaguement misérable : père absent et violent, qui s’engagera sous les drapeaux lors de la Seconde guerre mondiale, mère contrainte de se prostituer dans les bas-fonds d’Augusta (État de la Géorgie). Des débuts dans la délinquance, stoppés par des peines de prison rudes. Puis une ascension inouïe avec les Famous Flames et des hits comme « Please, Please, Please » en 1956 ou « I Got You (I Feel Good) » en 1965. Puis le temps de la consécration mondiale avec les JB’s, le jet privé… et des démêlés avec la justice pour de multiples problèmes (sommes non déclarées au fisc, violences conjugales, ivresses, usages de drogues, conduites dangereuses, délits de fuite…), dans une sorte de retour à la case départ. Cette trajectoire hors du commun, admirable à bien des égards, est ainsi retracée, évoquant l’inébranlable mégalomanie de cet artiste débrouillard, avide de gloire et de richesses, travailleur infatigable au feeling audacieux, showman hors-pair et businessman aguerri par une jeunesse traumatisante.
On en ressort curieusement requinqué. En se disant qu’au paradis des musiciens, ça doit groover sévère depuis ce triste 25 décembre 2006 où, rincé, épuisé, il rejoignit son Créateur.
