Winter sleep : tourisme à la turque et 67e Palme d’or au Festival de Cannes.
Tel un seigneur, Aydın, vieil acteur qui a abandonné les planches (il préfère qu’on dise « comédien ») vit au-dessus du village, dans un château troglodyte, ou plutôt : dans un hôtel d’Anatolie centrale légué par son père. Il prend un verre de thé avec ses hôtes, un sourire commercialo-convivial aux lèvres, il fait connaissance avec eux ; chasse des champignons ; écrit des chroniques dans la gazette locale.
Il règne sur cette colline et vit là avec Hidayet, son bras droit moustachu, Nihal, sa jeune et jolie femme (qui s’ennuie un peu, recluse, mais qui participe à des bonnes œuvres pour se sentir utile) et Necla, sa sœur divorcée, intellectuelle inactive parfois un peu amère, qui est sa première lectrice et critique.
Quand l’hiver s’abat sur l’hôtel Othello – en hommage à Shakespeare –, la clientèle se fait rare.
L’hiver est aussi une métaphore inusable pour évoquer la pente déclinante de la vie humaine. Ce vieux comédien entre ainsi dans l’hiver de sa vie. Ceci ne se fait pas sans heurts – car il a des affaires à gérer, une vie de couple à maintenir à flots si possible, une expérience de la vie et du théâtre qu’il entend bien également exploiter –, ni sans ajustements – car cet homme sage, qui a une belle âme, a le sens des équilibres. Ainsi son sort est-il enviable et il use de son intelligence et de son intransigeance à merveille, si bien qu’on aurait presque envie de louer une chambre pour une durée indéterminée dans son hôtel inaccessible.
