La Grange Théâtre à Thourie, créations en campagne

Thourie, à 30 km au sud de Rennes, abrite un lieu particulier, La Grange Théâtre. Des représentations au milieu des meules de foin ? Presque. Le projet, mené par un couple passionné, défend le théâtre, et plus largement la création artistique, en zone rurale. Avec des rendez-vous d’ateliers et une programmation à l’année, la Grange Théâtre participe à ramener l’art là où il doit être, c’est-à-dire pour tous et partout.


photoprofilgrangtheatre-zr8cLe lieu est animé d’expositions, d’ateliers arts plastiques pour les enfants, et possède une petite salle, soixante places tout au plus. Perdue entre quelques fermes et des havres de verdure, La Grange Théâtre est un projet d’Amac (Association pour le maintien de l’art à la campagne inspirée des Amap agricoles) porté par Flore et Hervé Monnerais. Ce dernier nous a rencontré à l’occasion d’une représentation de leur dernière création, Pinocchio.

Hervé bonjour. Quelle est l’histoire de la Grange Théâtre ?

C’est un peu le hasard et la nécessité ; on est arrivés ici il y a une dizaine d’années, en cherchant un lieu qui pouvait accueillir des ateliers de peinture et un lieu de répétition. Au début on cherchait à Rennes, puis les agents immobiliers nous on dit poliment avec notre budget de chercher dans la 1ère couronne. Là on nous a conseillé de chercher dans la deuxième couronne. Finalement on a eu un coup de cœur pour ce lieu, un peu vallonné, avec une super vue. On a continué à travailler pas mal en région parisienne où nous étions implantés avant, car on a eu du mal à trouver notre place, à percer. Peut-être étions-nous dans une autre énergie aussi. J’avais toujours eu l’idée d’un petit lieu, et là d’un coup on en a eu besoin pour jouer. Ça a commencé avec des scolaires, puis des amis, un réseau qu’on avait constitué. L’idée de formaliser un lieu de diffusion est arrivé comme ça.

Ça a été un parti pris de défendre le théâtre en milieu rural ?

grangetheatre1C’est assez vite devenu un lieu pour faire le pendant de tous ces centres urbains qui grossissent alors qu’en fait il y a du potentiel à la campagne que tout le monde déserte. On avait eu le temps d’expérimenter ça, donc quand on a décidé de quitter ce monde un peu plus fou de la ville, de Paris, on était déjà dans cette dynamique. Si quelqu’un mise sur un projet à la campagne, en créant des conditions pour qu’une vie culturelle puisse se développer à la campagne, il n’y a pas de raison que ça n’existe pas.

Comment fonctionne la programmation ?

Notre premier « fonds de commerce » ce sont nos amis du milieu qui ont eu envie de faire aussi leurs avant-premières ici. On avait donc des artistes demandeurs, et un public qui s’est constitué au fur et à mesure. Aujourd’hui ça reste encore beaucoup nos réseaux, mais nous avons aussi beaucoup de sollicitations, donc nous ne sommes pas en quête. Sans en tirer aucune gloriole, c’est tout de même rassurant. Et puis ça fonctionne de manière très simple, avec 60% pour les artistes des recettes et 40% pour l’association et les frais de fonctionnement du lieu. Certains peuvent penser que ce sont des conditions minimes, d’autres nous en remercient. Après on a pas le droit à l’erreur, il faut que la salle soit pleine. Tout en restant en dehors d’une logique marchande de la culture ; sur notre site j’ai très vite comparé notre position à celles des agriculteurs, et on a cherché le modèle, qui s’est trouvé être celui des Amap. Nous avons donc créé l’Amac, Association pour le maintien de l’art à la campagne, en proposant un panier culturel.

« C’est un lieu de diffusion, mais aussi un lieu de proximité. »

Les éléments scéniques pour Pinocchio, vous les avez fabriqués ? Combien de temps de création pour ce spectacle ?

Oui tout est fabriqué ici. La durée de création c’est 9 mois ; mais pour être complet sur cette information, ce spectacle est une reprise. C’est toujours notre création, mais depuis on a mis l’accent d’insérer les enfants dedans, et des amateurs. Ça a été le challenge de cette formation. On voit depuis un moment que la Grange Théâtre c’est un lieu de diffusion, mais aussi un lieu de proximité, et on se rend compte que des gens ont envie de mettre la main à la pâte. On voudrait progresser vers cette idée de donner l’occasion de participer.

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Quel serait votre dernier coup de cœur artistique ?

J’ai été scotché par Jerez Texas, qui a fait partie de notre programmation. Côté images, je suis souvent déçu, je suis très difficile. Je crois que je suis plus édifié par des lectures, je suis un fan de Krishnamurti, mais ça donne pas un spectacle ! En tout cas ça m’interroge, c’est quelque chose que je traîne en parallèle avec une création que je repousse qui s’appelle Vie mode d’emploi.


Toutes les informations sur le site de la Grange Théâtre

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