Installée à Saint-Germain-sur-Ille, la compagnie Ocus mène sur le territoire local différents projets de théâtre. Une troupe qui n’a cessé de s’agrandir et de développer son savoir-faire au fil du temps. Rencontre avec une compagnie pas comme les autres.

Travaillant actuellement sur le spectacle Bistrodocus, mais aussi sur le Chapiteau Volant, qui lui est plutôt un concept, rencontre avec trois des membres de la compagnie : Claire, Yann-Sylvère et Ludivine.

■ Bonjour ! Alors c’est quoi le Bistrodocus ; il y a un spectacle, un repas… ?

Il y a une phrase qui a mené le projet  : « De l’avantage d’être nombreux », d’amener les compétences de chacun et l’envie de raconter l’impossibilité de vivre ensemble. C’est un spectacle avec Güz II, une interprète en langue des signes, et aussi un banquet. Pour le moment il y a eu 15 représentations, et les retours sont positifs, ça tourne.

■ La compagnie est en totale autonomie sur ce qui est matériel ?

C’est l’idée d’avoir nos caravanes et notre propre matériel, de pouvoir jouer partout, même si nous avons quelques demandes aux communes sur lesquelles nous jouons, notamment pour faire la cuisine !

C’est tout une mise en place stratégique pour que les gens aient envie !

■ Justement cette idée de jouer en zone rurale là où il n’y pas forcément de théâtre c’est un parti pris de la compagnie ?

Oui depuis le début. Quand tu vas dans des endroits où il n’y a pas de lieu, il y a un autre challenge au-delà du spectacle, que les gens s’approprient le projet, qu’ils viennent sous le chapiteau. C’est comme ça qu’est né le Chapiteau volant, créer des portes d’entrées pour que les gens viennent d’eux-mêmes, et qu’ils aient envie de participer. C’est artistique, mais humainement on aime les rencontres. Il y a aussi les communes qui ont un lieu, avec une programmation, mais où il reste la barrière du théâtre ; du coup c’est l’occasion pour nous de faire le spectacle sous chapiteau dans la ville, pas dans le théâtre. Le chapiteau renvoie au monde du cirque, est beaucoup plus populaire, et permet de surprendre à l’intérieur.

■ Donc le Chapiteau Volant n’est pas un spectacle ?

Non c’est une implantation sur une dizaine de jours sur un territoire, un partenariat avec une commune pour construire des liens avec des écoles, des maisons de retraite, des associations. C’est un travail qui se fait en dehors du chapiteau, d’emmener les spectacles dans les bars ou les cours d’écoles. On fait aussi des visites, des récoltes de paroles avec des criées publiques, en déposant des boîtes à cris un peu partout. C’est tout une mise en place stratégique pour que les gens aient envie !

■ Votre implantation à Saint-Germain-sur-Ille, vos projets itinérants, vous avez l’impression de participer à un mouvement d’une culture « plus proche des gens » ?

On sent que les gens ont envie de participer à ce mouvement, c’est souvent plein quand on organise des choses à Saint-Germain. Il y a beaucoup d’associations culturelles, sans forcément qu’on ait la même façon d’envisager les choses mais on apprend tous les uns des autres. On arrive au bout de quelque chose, il y a un truc qui s’essouffle dans la culture et il y a quelque chose à réinventer.

■ En ce moment ça bouge beaucoup du côté des intermittents ; vous êtes sûrement concernés ?

Il y a un engagement personnel, et celui de la compagnie ; par rapport à cette réforme-là, c’est en cours de discussion, mais la décision qui a été prise c’est de faire un mot commun à la fin de chaque spectacle pour expliquer ce qui se passe, et montrer aux gens que ce qu’ils viennent de voir est porté par ce régime-là et que ça n’existerait pas sans. Après l’idée d’annuler des spectacles, c’est en cours de réflexion, selon l’impact que ça va avoir réellement et en lien avec tous les organisateurs. On en discute plusieurs heures par jour en ce moment !

■ Vous êtes souvent confrontés à la vision « intermittents assistés » ou « saltimbanques sans vrai métier » ?

Il y a des spectateurs qui demandent après le spectacle « qu’est-ce que vous faites sinon dans la vie ? » C’est une vraie question, on sent qu’il y a un travail de pédagogie à faire face à plein d’idées reçues ! Il y a aussi le fait de venir en caravane dans un village, avec tout ce que ça induit derrière. Après on a de la chance si on entend ça, c’est qu’on les rencontre. Le Chapiteau volant ça permet de confronter la réalité de nous voir travailler, de le voir au quotidien et que ce sont de vrais métiers.

■ Quel serait votre dernier coup de cœur artistique ?

Claire : Raoul Collectif, un spectacle qui a été donné à l’Aire Libre.

Ludivine : Madzik !

Yann Sylvère (après 10 minutes de réflexion) : Le Tour complet du cœur de Gilles Caillaux ; c’est un spectacle de rue, un acteur seul avec l’intégrale de Shakespeare.

Prochaines représentations du Bistrodocus :

27 et 28 juin au Grand Fougeray (35)

Toutes les informations et dates sur le site de la Compagnie Ocus

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