Barbecue : les inconditionnels de Franck Dubosc et Lambert Wilson (dont je suis) se régaleront.
Dans Barbecue, on suit une brochette d’amis un peu caricaturaux, mais savoureux :
- Jean-Miche (Jérôme Commandeur), le simplet qui bosse chez Midas et qui a un peu de mal avec le mensonge (or, en société, chacun en conviendra, une dose de mensonge minimale – de réserve, de quant-à-soi, d’épochè ou d’hypocrisie, c’est selon – est souvent requise) ;
- le couple séparé (Franck Dubosc, Florence Foresti) qui a du mal à justement se séparer et ils continuent de passer leurs vacances ensemble lol ou d’aller au stade applaudir l’OL ;
- le couple un peu strict et catholique (chiant) réactionnaire et casanier (Guillaume de Tonquédec, Lysiane Meis), amoureux du patrimoine, des vieilles pierres et des vieilles habitudes ;
- le couple dans le monde médical, aisé, aux mœurs un peu dissolues et aux doubles vies finalement pathétiques (Lambert Wilson, Sophie Duez) ;
- le malheureux qui frôle la banqueroute économique (Lionel Abelanski) et dont la maison risque d’être hypothéquée mais qui s’évertue à cacher ses déboires à ses amis qui eux-mêmes s’efforcent de faire comme s’ils n’avaient rien décelé…
Tous ces ingrédients créent donc une bonne comédie rythmée (si si ! je vous assure), riche en vannes, en moments qui sonnent juste, en fâcheries, en confidences, en tensions, en bons moments empreints de complicité et de vieille amitié. Tout ce joli monde (sauf Jean-Miche) s’est connu à Sup de Co. C’est un portrait, évidemment, de la France qui va bien, qui loue de somptueuses villas dans les Cévennes, avec piscine, pour les vacances, qui fréquente les très bons restaurants, qui boit des vins prestigieux (château Pétrus ou domaine de la Romanée-Conti par exemples). C’est une France qui fait rêver, qui se retrouve autour de barbecues gourmands… mais qui connaît aussi ses déboires (AVC pour l’un, psychorigidité pour d’autres, divorce mal digéré, investissements foireux pour ceux-ci, problèmes de communication au sein du couple pour ceux-là, embonpoint et timidité pour celui-ci…). Bref, ça console : partout, dans tous les milieux, chacun a sa dose de malheur, on n’est pas les seuls à souffrir ; sachant que, toi aussi, qui fréquentes assidûment l’Imprimerie Nocturne, tu as ton lot de petites misères et de gros échecs lourds à porter, Barbecue saura sécher tes pleurs. Car on quitte Barbecue avec l’envie d’organiser à son tour avec quelques bons potes une chouette fiesta où rires, larmes, réconciliations, surprises, jeux et ivresses seront autorisés. Voire obligatoires !