La Révolte des cafards d’Oscar Z. Acosta

La Révolte des cafards : une littérature méchamment engagée pour apprendre comment préparer des cocktails molotov (page 157), rouler des joints dans les pages du magazine Time international (page 242), ou faire passer sa fiancée de 15 ans pour sa nièce (page 222).

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Alors là ! attention ! chef-d’œuvre ! On plonge direct dans le bouillon politico-culturel de la fin des années 60, époque bénie entre toutes qui voyait le Creedence Clearwater Revival truster les charts, le LSD être consommé à grande échelle et les mouvements sociaux exploser à droite à gauche et notamment ici, dans les quartiers Est de Los Angeles. Les Chicanos (abréviation pour « Mexicanos ») exigent que leurs droits soient respectés. Pour ce petit peuple descendant des Aztèques régulièrement spolié, il y a fort à faire pour contrecarrer les racismes d’État, les ségrégations institutionnalisées et les humiliations quotidiennes.

Au cœur de l’action militante, l’avocat Buffalo Zeta Brown (110 kilos d’insolence, d’éloquence, de provocation, de bravoure, de roublardise et d’abnégation, de testostérone et de déglingue, le tout sevré au tequila pur et à quelques autres substances psychédéliques plus ou moins amphétaminiques), Bison Brun, donc, va faire des prouesses pour redresser les torts et redonner fierté et aplomb à ses compatriotes lésés par l’Histoire.

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Avec ce guide haut en couleurs contrastées qui vit à deux cents à l’heure, on découvre les prétoires, les palais de justice, les prisons et les quartiers chicanos de L. A. On découvre le mille-feuilles états-unien, ses establishments corrompus, ses bas-fonds, ses magouilles mêlant clergé vérolé, FBI aux ordres et mouvements contestataires infiltrés par des taupes pousse-au-crime. On découvre la force d’un mouvement populaire et qui ne serait pas grand-chose sans le charisme et la persévérance de ses leaders (qui eux-mêmes ne pourraient guère avancer sans la foi et le soutien de leur base). On découvre l’Amérique dans toute sa splendeur, à hauteur d’homme, parfois effrayante, réellement révoltante, mais le plus souvent, sous la plume de cet Oscar Zeta Acosta (qui a maints points communs avec son héros Buffalo Brown), jubilatoire et passionnante.

La révolte des cafards – Chroniques urbaines tout feu tout flamme d’Oscar Zeta Acosta (1973) présentées à la librairie Alphagraph (5 rue d’Échange à Rennes) le 24 mai dernier, en présence des éditeurs, du traducteur et d’un lecteur accompagné d’un guitariste qui en lut des extraits – Éditions Tusitala, Paris 18e – Postface de Sesshu Foster – Traduit de l’anglais par Romain Guillou (2014) – 356 pages

2 comments

  1. zo. /

    A noter qu’Oscar Zeta Acosta (A.K.A Buffalo Brown) est également un avocat ayant côtoyé Hunter S. Thompson. Ses apparitions dans le recueil Fear And Loathing on the Campagn Trail ’72 sont jubilatoires (écrire des messages au procureur avec de l’essence allumée sur sa pelouse, c’est un geste plein de panache). Et le grand public le connaît sous les traits de Benecio Del Toro dans l’adaptation ciné de Las Vegas Parano !
    J’ignorai qu’il avait publié. Je lirai.

    • Cyrille /

      Hé oui, il y a des personnages aux vies héroïques, aux confins du réel et du mythe, qui entrent ainsi dans une certaine légende.

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