C’est le mois du hip-hop au Triangle ! Pour l’occasion, le 20 mai avait lieu la projection de The african cypher : un documentaire musical sud-africain de Bryan Little sur les danseurs de hip-hop de Soweto.
L’auditorium du Triangle résonnait des musiques sur lesquelles s’entraînent (souvent sous un soleil de plomb), s’affrontent et se déhanchent les adeptes de l’isiPantsula et autres mouvements de danses de rue s’épanouissant dans les townships de Johannesburg et du Cap. Le hip-hop des anciens ghettos d’Afrique du Sud mêle expression corporelle, modes vestimentaires, défi scénographique, philosophie de vie, métissages à gogo des traditions et performance acrobatique. Plusieurs crews occupent la ville. Et, c’est déjà ça, pendant qu’ils dansent, les adolescents et jeunes adultes de ces quartiers parfois déshérités ne sont pas en train de dévaliser des innocents : le hip-hop a des vertus socio-éducatives évidentes. Il agit comme un garde-fou. Mais aussi comme un moyen de s’élever socialement et de trouver sa place dans le mouvement d’émancipation et de démocratisation qui agite le pays. Chaque quartier a son groupe de danseurs. L’un se fait remarquer par le port de Converse All Star. L’autre revendique l’élégance du « bourgeois » (en français dans le texte), réappropriée à la sauce sud-africaine. Un autre ajoute la joute verbale au programme des défis. Un autre encore développe le krump, où là ce sont par les grimaces et simagrées improvisées, toujours sur des rythmes endiablés, que le charme agira. Rois de la sape de marque et de la provocation, éventuellement violente, un autre groupe crée la polémique en brûlant des fringues en pleine rue ou en gardant l’étiquette du prix sur les vêtements portés… Les meilleurs participeront à un Red Bull Beat Battle, découvrant alors les délices des grands hôtels équipés de tout le confort, avant de soumettre leurs performances au vote implacable des jurys.
Après la projection en V.O. (mouvementée du fait de la présence relativement turbulente et chaleureuse de collégiens de cinquième scolarisés à la Binquenais, conquis par les danseurs qu’ils côtoient), la compagnie X-Trem Fusion, invitée en résidence au Triangle à l’occasion de ce temps fort organisé autour du hip-hop, exposa son point de vue en tant qu’originaire du Cameroun. Pays riche de plusieurs centaines d’ethnies qui chacune possède un patrimoine dense en matière de danse, on comprendra qu’il y a dès lors des terreaux particulièrement favorables à l’éclosion des talents.
Retrouvez la compagnie X-Trem Fusion le 6 juin à 21h pour Résistance farouche.