Quelles sont nos ruines ? Réponses des Ateliers du Vent

Dès le 15 mai, les Ateliers du Vent lancent l’évènement Quelles sont nos ruines ?. Une exposition, trois soirées d’inauguration, l’aboutissement de travaux pluri-disciplinaires commencés l’année dernière. Alain Hélou, commissaire de l’exposition, nous éclaire sur ces ruines artistiques.

Alain Hélou bonjour ; pouvez-vous présenter pour ceux qui ne connaissent pas du tout l’évènement Quelles sont nos ruines et son historique aux Ateliers du Vent ?

quelles-sont-nos-ruinesCet événement se présente sous une double forme d’exposition et de soirées. Il forme l’aboutissement d’un processus de recherches qui impliquent des artistes moldaves, français et russes depuis un an et demi. La question des ruines nous parait un angle fécond pour se questionner ensemble sur notre présent commun. Aux Ateliers du Vent, nous avons développé différents projets depuis 2007 avec l’Europe de l’Est. J’ai créé une pièce de théâtre Natacha et Kouprianov d’un auteur russe représentant la dernière avant-garde des années 30, Alexandr Vvedenski, que nous avons jouée à Moscou et Saint-Pétersbourg. En 2010, nous avons accueilli des artistes visuels russes pour une exposition Vive la jeune garde. Parallèlement, nous avons voyagé avec un spectacle d’intervention poétique dans différents pays de l’Est et particulièrement été impressionnés par la Moldavie. Nous avons développé des échanges avec le KSA:K, qui est une structure indépendante, qui fédère la scène moldave de l’Art contemporain, notamment dans le cadre d’un projet de coopération européen intitulé Tandem.

« Une exploration poétique, visuelle et sonore »

Ce vaste échange artistique a déjà donné lieu a des workshops à Moscou et à Chisinau (Moldavie) ; comment fonctionne la logistique d’un projet d’une telle ampleur ?

Oui, le principe de ce projet vise à développer des collaborations, pas à juxtaposer des œuvres, les temps de rencontres, de découvertes, d’échanges entre artistes et avec les villes sont des éléments indispensables du processus. Nous avons donc mis en place des workshops de 8 jours à Moscou et à Chisinau, avec le soutien notamment de l’Institut Français dans le cadre d’une convention avec Rennes Métropole et grâce à des partenariats locaux (Fabrika à Moscou, le KSA:K et Tipografia 5 à Chisinau). L’engagement des artistes dans ce type de démarche est aussi primordial.

Quelles sont les spécificités de cette exposition qui se tient jusqu’au 8 juin ?
C’est une exposition pluridisciplinaire qui fédère plus de vingt artistes. Elle rassemble de nombreux artistes visuels, qui travaillent aussi bien la peinture, l’installation que la photographie ou le volume. Elle rend compte des collaborations et des regards croisés sur cette problématique des ruines qui peuvent être matérielles ou symboliques, en lien avec l’architecture, le corps, les idées. Elle est marquée également par une forte présence sonore autour notamment du travail développé par Daniel Pabœuf et Mistress Bomb H. Le drame des constructeurs d’Henri Michaux la traverse. Elle est donc à découvrir comme une exploration à la fois  poétique, visuelle et sonore.

Le détail de la programmation

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Il y a également des soirées Believe the ruins les 16 et 17 mai ; quels en sont les temps forts ?

Les soirées rassemblent la grande majorité des artistes. Au-delà des rencontres qu’elles permettent, elles sont surtout l’occasion de présenter des propositions musicales et  vidéos qui ont été amorcées à Moscou, de découvrir des performances comme celle d’Elizabeth Saint-Jalmes et Sébastien Roux intitulée Le bain, une lecture théâtrale, des propositions chorégraphiques… et tout un ensemble de propositions qui en complétant les œuvres présentées dans l’exposition, fournissent un panorama total du projet. C’est très important pour moi de donner pleinement sa place à ce qui est encore de l’ordre du processus et de l’effervescence collective, dans un cadre convivial et joyeux.

Les échanges avec l’Est (Russie, Moldavie…), notamment par les différentes nationalités des artistes invités prennent une teinte particulière au regard de l’actualité en Crimée ; ces évènements ont-ils orienté, ou influencé, le travail des artistes et/ou la tournure de l’exposition ?

Certains artistes, je pense à Serguey Kalinin, font indirectement référence à l’actualité, et nous avons tous partagé nos ressentis et analyses sur ce qui se joue en Ukraine en ce moment. Il n’y a pas de divergences profondes entre les artistes réunis ici, notamment parce que chacun est conscient de la complexité des enjeux, des intérêts politiques et affairistes qui se mêlent et est vacciné contre la propagande qui inonde les médias russophones.

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 Dans la note d’intention il est inscrit : « Quelles pierres allons-nous choisir pour construire l’avenir ? » Cela appelle-t-il également à une réflexion sur les grands travaux urbains que les métropoles connaissent aujourd’hui, de manière parfois très détachée de la réalité quotidienne des citoyens ?

Oui, les villes sont des « partenaires » du projet. Nous y trouvons matière à réflexion. Et en l’occurrence, Gilles Respriget et Ludmila Bouros par exemples, ont développé des formes d’explorations photographiques à Chisinau et Rennes qui radiographient les évolutions.

Quel serait votre dernier coup de cœur artistique ?

J’aime particulièrement le travail que développe l’artiste photographe Vincent J. Stoker dans le cadre de son projet Héterotopia (Galerie Gutharc, Paris).

Quelles sont nos ruines ?

Exposition aux Ateliers du Vent (rue Alexandre Duval) du 21 mai au 8 juin 2014

Soirées de lancement les 15 (adhérents), 16 et 17 mai à partir de 19h

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