States of Grace de Destin Cretton avec Brie Larson et son vélo

States of Grace : une histoire d’amour sur fond de jeunesse malmenée.

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Mason (en t-shirt couleur tarama) et Grace (avec les rayures).

Cette jeunesse malmenée trouve refuge dans un centre de soins où il est possible de réparer ses blessures. Les jeunes qui y échouent sont victimes de violences au sein de leur famille, ou ont des troubles psychologiques qui font que leur famille les bannissent, à moins que ce ne soit ces violences subies, justement, qui ne créent ces souffrances et ces dérives. Ce n’est pas très clair mais on comprend que ces jeunes ont besoin d’aide et on est content pour eux qu’ils la trouvent dans cet asile pour mineurs. Des encadrants très doués en psychologie et faisant preuve de beaucoup d’empathie sont là pour les épauler, les écouter, les calmer, les ramener à la raison, écouter leurs confidences, leurs complaintes, leurs cris, ou les empêcher de fuguer.

À défaut de l’être pour soi, on devient l’ange-gardien d’un autre soi. On découvre l’altérité.

Le cadre n’est donc pas glamour pour deux sous mais c’est néanmoins le cadre de l’idylle nouée entre Grace et Mason, qui vivent et bossent ensemble. Eux aussi ont connu leurs heures de grande détresse (Mason, qui a grandi dans une famille d’accueil mexicaine, s’en est sorti grâce aux tacos, et Grace a été victime des pires outrages par le passé). Mais ceci, précisément, c’est du passé. Bref, l’amour peut naître n’importe où, lorsque la place est libre et les méchants souvenirs déblayés, et c’est la belle leçon de ce film qui joue les cartes d’un réalisme âpre (mais pas trop, car trop d’âpreté nuirait au réalisme) et d’une émotion palpable qui s’intensifie au fil des scènes qui s’enchaînent sur un rythme digne des meilleurs documentaires sur les difficultés d’être jeune (suicide, scarifications, drogues douces, rejet parfois parfaitement sensé de la cellule familiale, difficultés à trouver les moyens d’exprimer sa douleur et à canaliser ses énergies) et les joies d’être en bande (fêtes d’anniversaire, écoute, solidarité, relations affectueuses se développant, cadre sécurisant, lieu à soi, jeux, résolution en commun des problèmes collectifs ou personnels etc.). Ainsi, à défaut de l’être pour soi, on devient l’ange-gardien d’un autre soi. On découvre l’altérité.

States of Grace, après un début poussif qui fit craindre le pire (mais eut le mérite de poser le décor et d’ébaucher à la truelle la psychologie des protagonistes), frôle ainsi par moments une grâce parfaitement touchante. On pourra ainsi pleurer quand Grace apprendra à Mason qu’elle est enceinte. On pourra également verser une voire deux larmes quand Mason demandera Grace en mariage. Enfin, on appréciera particulièrement la touche écolo de ce drame (qui a pour enjeu rappelons-le une institution socio-thérapeutique au sein de laquelle de jeunes adultes [secondés par des stagiaires, bénévoles comme il se doit] viennent au chevet d’adolescents fragiles pour tenter de les réparer, de les remettre sur pieds pour qu’ils puissent filer dans la bonne direction, ou du moins la direction de leur choix), drame donc, dont l’héroïne se déplace à vélo (la thérapie du double-braquet). Un vélo qu’elle chérit au point de l’avoir baptisé, du nom de Floyd !

Si la vie n’est pas toujours confortable, elle n’est pas non plus perpétuellement désenchantée. Célébrerons-nous un jour suffisamment (ici via le septième art) le fait d’être d’humbles humains, tantôt vulnérables, tantôt héroïques, tantôt absolument haïssables, tantôt absolument admirables ? Hé oui, c’est grandiloquent… voire pascalien* comme conclusion… mais c’est aussi à ça que ça doit servir le cinéma : à élever l’âme et l’esprit.

 

* Blaise Pascal est un penseur et mathématicien auvergnat du XVIIe à qui l’on doit moult jolies formules sur les abîmes noirs et les hautes sphères lumineuses où l’homme sombre ou au contraire se ressource.


States of Grace - Drame de Destin Cretton – Avec Brie Larson, John Gallagher Jr. et Kaitlyn Dever – Durée : 1h36 – Sortie le 23 avril

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