Mythos 2014 : [weltanschauung] de Clément Thirion

[weltanschauung] a été donné durant deux soirs au théâtre La Paillette pour le festival Mythos : une incroyable et réjouissante danse finale pour l’humanité. Retour sur l’un des deux spectacles proposés par Clément Thirion.

[weltanschauung] © Katrijn Baeten

Weltanschauung.
Tout commence déjà par ce nom imprononçable pour beaucoup de personnes (seuls les germanophones pourront frimer en tentant de l’articuler avec l’accent approprié). Association du terme Welt (le monde) et de Anschauung (la vison ou la représentation), il désigne la conception que chacun se fait du monde qui l’entoure.

Sur scène, deux bipèdes affublés de moonboots en poils blancs et de costumes en lycra pailletés, nous regardent d’un air ébahi. Après un préambule délirant sur les origines du couteau suisse de la préhistoire, le biface, les deux extravagants personnages entament leur chorégraphie loufoque.

Le rêve d’une humanité davantage à l’écoute de son corps et surtout de son hémisphère droit, siège de nos sensations et de notre connexion au monde, voilà le point de départ de cette danse finale pour l’humanité. Derrière leurs allures déjantées, se cachent deux êtres égarés, venus questionner notre rapport au vide, à la mort et à la création. Pourtant, loin de la représentation philosophique pompeuse et académique, Clément Thirion et Gwen Berrou se lancent dans un exposé abracadabrant. À mi-chemin entre le cours de biologie et le cours sur la préhistoire, le théâtre, la danse et la performance, [weltanschauung] repousse les frontières pour faire de sa mise en scène un assemblage de possibilités où les corps et les mots se déploient et se rencontrent à l’infini.

Une vieille télévision campée au milieu de la scène déverse des images fantasmagoriques du chanteur new wave Klaus Nomi, tandis que sa chanson « Total Eclipse » nous hypnotise de ses allures surréalistes. La chorégraphie reprend, entrecoupée d’explications scientifiques sur les possibilités du cerveau humain, alors que, sur le mur en face de nous, défilent des performances vidéo plus étourdissantes et créatives les unes que les autres.

L’ensemble est désordonné, décousu… pas tant que ça peut-être. Derrière d’interminables digressions et une fin qui n’en est pas une, tout semble calculé. Dans cet univers burlesque et déjanté, Clément Thirion réussit son pari. Il nous questionne subtilement mais surtout, il nous fait rire.

 

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