Un beau dimanche, pour finir la semaine en beauté

Un beau dimanche de Nicole Garcia, ou pourquoi certains jours requièrent toute notre attention.


Oh la belle tautologie ! Y aurait-il des dimanches laids au point qu’il fût utile de le souligner quand il en vient un beau ? Je n’ose y croire.
En tout cas, pour Baptiste (Pierre Rochefort), ce fut pendant longtemps le jour des repas de famille dégustés dans les cercles (excessivement ?) confortables de la très haute-bourgeoisie (à savoir celle qui possède des immeubles, des forêts, des usines et des coffres-forts contenant des dizaines de milliers d’euros en liquide). On retrouve ici un peu l’ambiance d’Un château en Italie, de Valeria Bruni Tedeschi, avec Louis Garrel et Filippo Timi, où il était question aussi de névroses tout à fait respectables et des petites misères propres aux nobles sphères. Puis, une fois qu’il s’en sera échappé, de ce carcan d’aisances et de conventions, et qu’il aura traversé quelques épreuves (car quitter sa famille pour quelque raison que ce soit en implique, des épreuves, hé oui), les dimanches représenteront pour lui le jour précédant la reprise des cours qu’il donne en tant que vacataire itinérant de l’Éducation nationale.

Pierre Rochefort

Pierre Rochefort, le Ryan Gosling français, un peu mutique, un peu violent, un peu romantique, un peu tourmenté, qui vole au secours non pas de la belle Irene (Carey Mulligan dans Drive), mais de la belle Sandra (Louise Bourgoin).

Pour la jolie Sandra (Louise Bourgoin), jeune mère endettée jusqu’à l’os, les dimanches sont la journée d’affluence dans le restaurant-terrasse en bord de mer où elle sert, sous la houlette du beau et très bronzé Balou (Jean-Pierre Martins).

orsay_mis_a_nu_01.j_1On notera à toutes fins utiles que la Rennaise Louise Bourgoin, après avoir joué une mère supérieure un peu féroce dans La Religieuse, de Guillaume Nicloux, puis avoir endossé (dans Tirez la langue, mademoiselle, d’Axelle Ropert) le rôle d’une jeune femme que convoitaient deux frères médecins officiant dans un même cabinet du quartier chinois de Paris, que Louise Bourgouin, donc, dédicaçait l’an passé son ouvrage Orsay mis à nu, à l’occasion du 6e salon Rue des Livres à Maurepas.

Pour le petit Mathias, le fils de Sandra, c’est la journée où on le trimballe, dans une incertitude un peu cruelle, d’un pôle à l’autre de sa famille recomposée.

Pour Balou, le patron de Sandra, c’est le jour des bonnes affaires, qui doivent rouler, et pour ce faire, le petit personnel doit se décarcasser dans la grâce et la bonne humeur de préférence.

Dimanches pour ceux qui se déchirent, pour ceux qui se réconcilient, pour ceux qui s’enrichissent, se reposent, triment, tapent dans une balle de tennis, s’évadent, s’associent, s’entraident, se bousculent ou s’étreignent… Il y a des dimanches de toutes les couleurs, pour tous les goûts, pour les rentiers, les riches héritiers, les petits fonctionnaires, les enfants ballottés, les employés de maison, les humbles mères célibataires, les citoyens ordinaires, privilégiés ou malmenés…

Pour ma part, j’adore les dimanches. Alors quand en plus ils sont beaux, c’est un petit miracle dont on attend chaque semaine le renouvellement.

 


Un beau dimanche – Un film de Nicole Garcia – Avec Louise Bourgoin, Pierre Rochefort, Jean-Pierre Martins, Éric Ruf (de la Comédie-Française) – Durée : 1h35

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