Nicolas Cartelet est étudiant à l’université Rennes 2. Quand sa thèse en histoire grecque et son master métier du livre lui en laissent le temps, il écrit. Une passion couronnée de succès puisque le premier ouvrage du jeune homme, Néagè, va être publié le 31 janvier aux éditions du Peuple de mu.
Être thésard requiert d’écrire, beaucoup. Pour mener un master d’édition en parallèle, il faut vraiment aimer ça. Mais lorsqu’en plus l’on est écrivain, c’est qu’on est sérieusement hyperactif de la plume.
Le 31 janvier paraîtra le premier tome de Néagè, suivi du second en septembre 2014, et du troisième en janvier 2015. Le livre débute par une mise en situation : ce qu’il reste de l’humanité a quitté la terre il y a 11 000 ans, et survit sur un vaisseau-planète, Europa. Pourquoi ? À la suite d’un cataclysme, si l’on en croit la version officielle. Mais ce qu’il reste d’êtres humains s’en soucie assez peu. Ils vivent, sans s’interroger sur l’endroit vers où ils voyagent, et sur les raisons de leur départ. Après tout, 11 000 ans c’est long. Certains vont cependant questionner cette historiographie mythifiée (et donc biaisée). Ils vont chercher à en savoir plus en questionnant ce qu’il reste de sources… Une méthodologie issue des sciences humaines.
S’il fallait lui trouver une étiquette, la trilogie s’apparenterait au genre de la fantasy, mais pas seulement… « J’ai voulu projeter les références de la tragédie grecque dans le futur. Un public habitué à de la fantasy ou à de la science-fiction « classique » ne s’y retrouvera pas forcément », explique Nicolas Cartelet. « Je n’ai même pas essayé de le faire publier en tant que littérature classique. Même si le bouquin est transgenres, il est tout de même estampillé en tant que fantasy ».
Un peu réducteur quand l’on sait que l’historien s’est inspiré des écrits antiques, de leur construction, de leur façon de mettre en scène l’histoire humaine et de raconter les mythes : « Où il y a toujours une part de vrai ». À chaque tome correspond une génération d’une même famille, un schéma influencé par le modèle de la tragédie grecque. Et comme le diable se niche bien souvent dans les détails, Nicolas y a particulièrement prêté attention : des noms des personnages aux évolutions possibles de la langue, rien n’a été laissé au hasard. « J’ai voulu créer un univers cohérent », explique-t-il.
« Créer un univers cohérent »
Une recette originale qui a su convaincre les éditeurs. Un jeune auteur qui débute a bien souvent toutes les peines du monde à se faire publier. Ça n’a pas été le cas de Nicolas : il a envoyé son manuscrit à cinq éditeurs seulement. C’est la toute jeune maison d’édition numérique le Peuple de mu, créée à Lyon il y a six mois, qui va publier ses écrits.
Le format numérique est un domaine auquel le jeune auteur s’intéresse dans le cadre de ses études. Écrire sous ce format était donc une volonté : « Pour la littérature de genre, il est aujourd’hui beaucoup plus facile d’être publié en numérique. Ça coûte moins cher qu’en papier. Les éditeurs sont donc moins frileux, ils peuvent davantage prendre de risques ».
Il reste cependant réaliste : le marché des liseuses, même s’il grandit chaque année, est encore minoritaire. Couplé à un genre de littérature qui n’attire pas forcément le grand public, il ne s’attend pas à des ventes mirobolantes : « 500 exemplaires serait déjà très bien », dit-il en souriant.
Mais pas d’inquiétudes, il a d’autres projets en cours. Sur le feu, deux romans courts de science-fiction déjantée, qui font déjà l’objet de bons retours auprès des maison d’édition. Hyperactif on vous dit.
Le site des éditions Le Peuple de Mu
Article signé Chloé V.