Un nouvel épisode des aventures du Père Ubu est paru ce mois-ci aux éditions Goater. Diantre, quel évènement théâtral. Et merdre, l’auteur Sonz et le dessinateur Bé ont réussi à rendre ça bougrement drôle. Si vous voulez découvrir la machine qui fait Fii, il vous faudra plonger dans la cuve à merdre.
Après une préfa(r)ce de Christian Zeimert maniant le jeu de mots aussi bien que père Ubu maîtrise la tyrannie, l’auteur Sonz introduit une nouvelle histoire du père Ubu ; il s’inspire directement des personnages déjà présents dans l’univers d’Alfred Jarry : Bordure, la mère Ubu, les salopins, ainsi que des évènements déjà survenus : la Pologne ou l’aventure de l’ours. Mieux, il prolonge l’acte V de la pièce la plus connue, Ubu roi, avec le vaste projet d’Ubu de devenir « Maître des phynances à Paris ». Tout démarre par un complot entre la mère Ubu et Bordure. Ce qui conduira le père Ubu a devenir riche. Très riche, tout ça grâce à une simple cuve à merdre. Et une étrange machine.
Le père Ubu pour les nuls
Le père Ubu est à la fois capitaine de dragons, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l’ordre de l’Aigle rouge de Pologne, ancien roi d’Aragon, comte de Sandomir ; puis roi de Pologne, docteur en pataphysique, et grand-maître de l’ordre de la Gidouille. Ses jurons favoris : merdre et cornegidouille. Père Ubu c’est aussi un groupe de rock mais ça n’a rien à faire ici.
Les aventures du père Ub’ s’accompagnent des illustrations inspirées de Bé ; dessinateur rennais, il renouvelle l’imagerie du père Ubu et la place clairement du côté de la bande dessinée. Un trait concis, des représentations comiques, l’humour est aussi présent que l’embonpoint d’Ubu. Un embonpoint qui représente à lui seul sa voracité pécuniaire.
« Sachez ma douce laideur, que tout ceci s’appelle La Bourse, un outil aussi immatériel que la culotte de Saint-Jean, et qui servit en d’autres temps à apprendre aux banquiers comment s’écraser lourdement après défenestration volontaire. »
Père Ubu Acte III scène 6
La phynance. C’est le maître-mot de la pièce, celui des conseillers qui s’empressent tels de bons traders de prodiguer de bons conseils, celui de la mère Ubu qui rêve de ruiner son bon gros gras de mari. Des rebondissements (dans la cuve à merdre ça fait plutôt splash) cocasses jusqu’à l’introduction de Philippe Le Bel qui nous donnerait presque envie de relire l’Histoire de France vue par San Antonio, Sonz trace en compagnie de Bé une réactualisation du père Ubu sans pour autant s’éloigner des fondamentaux. Cet Ubu dans la Cuve à Merdre fleure bon le politiquement incorrect, l’humour potache et brave fièrement le célèbre malaise économique dans une pièce hilarante. Merdre !
Trouvable dans toutes les bonnes librairies rennaises ou sur Internet.